Après la politique avec Borgen, le Danois Adam Price s’attaque à la religion dans une série à la vision progressiste mais un peu trop attendue.
Tout va bien au royaume des séries nordiques. C’est à peu près ce qui ressort d’une plongée dans les dix dernières années de la révolution mondiale, d’où ont émergé quelques places fortes hors USA et Angleterre. Le Danois Adam Price, poulain de la chaîne publique DR, y est vraiment pour quelque chose.
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Le désormais jeune quinquagénaire a offert au monde la saga politique post-A la maison blanche la plus désirable avec Borgen (2010-2013) et son héroïne confrontée à la réalité du pouvoir masculinisé. Un succès international mérité, qui ouvre à cet homme, par ailleurs présentateur d’une émission culinaire (sic), les portes d’une coproduction avec Arte, pour sa nouvelle création Au nom du père.
Deux saisons accueillies avec amour au Danemark
Présentée au festival Séries Mania en 2017, Au nom du père compte déjà deux saisons accueillies avec amour dans son pays. Et pour cause : elle s’attaque à la question religieuse – le Danemark est à majorité luthérienne – en mettant en scène une famille de pasteurs. Un sujet fort depuis Carl Theodor Dreyer (1889-1968), grand cinéaste devant l’éternel, dont l’un des films les plus connus, Ordet, avait pour ambition de représenter la foi dans ses expressions les plus extrêmes.
Le personnage principal d’Au Nom du père s’appelle d’ailleurs Johannes (Lars Mikkelsen, photo), le nom de l’un des héros d’Ordet. Au début de la série, le patriarche tourmenté convoite l’évêché de Copenhague face à une jeune femme. Tout ne se passe pas exactement comme prévu et l’engrenage débute.
La série coche une à une les cases du commentaire social contemporain, embrassant à la fois les rapports chrétiens/musulmans sur une planète saturée de conflits et la question des migrants à une époque de retour vers soi. A sa vision progressiste et habitée des mouvements qui agitent la réalité s’ajoute un fond de drame familial costaud et une vision de ce qu’Adam Price nomme lui-même “le déclin du pouvoir masculin”.
Des ressorts dramatiques ultra classiques
Alors que Borgen racontait d’abord une expérience féminine, Au Nom du père s’intéresse comme son nom l’indique à un rapport de filiation, principalement autour du père et de ses deux fils, même si le fond reste assez similaire – comment la démocratie vit, contre et tout contre les traditions.
Solide et souvent surprenante dans son désir d’embrasser un spectre large, y compris en dehors du Danemark, la série souffre pourtant d’une forme de tautologie entre ce qu’elle raconte et ce qu’elle montre. Les abîmes intimes de ses personnages sont représentés littéralement, sans beaucoup d’espace pour respirer, ce qui maintient souvent à distance.
Nous sommes devant une forme peut-être légèrement démodée de la série adulte contemporaine : irréprochable ou presque dans sa volonté de figurer des personnages compliqués et blessés par la vie, il lui arrive de sonner faux et d’appuyer de façon scolaire sur des ressorts dramatiques ultra classiques. Pas un ratage, donc, mais une série qui n’a pas toujours la générosité et la folie qu’on aimerait pouvoir lui associer.
Au nom du père saison 1 sur Arte, à partir du 29 novembre
Disponible en VOD
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