Dans le troisième épisode de la nouvelle saison de And Just Like That, Carrie Bradshaw raconte qu’elle vient d’attraper le Covid, alors que la pandémie semble terminée. L’un de ses meilleurs amis, Anthony, lâche cette phrase : “Ça m’étonne, c’est tellement pas branché de sa part ”… Il se trouve qu’en fait, Carrie ment, elle n’est pas positive. Elle a ses raisons. Mais les mots, eux, restent. Et ils font partie de l’arrière-fond de plus en plus prégnant de la série dérivée de Sex And The City.
Comment être et avoir été ? Ou plutôt, comme rester au centre de l’attention alors que l’époque a changé, que rien n’échappe (en ce qui concerne la mode) aux influenceurs·euses, et que les récits qui captivaient une génération il y a un quart de siècle ne sont plus possibles, ni pertinents ?
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Un classique qui a su bien vieillir
On parle bien d’un quart de siècle, puisque Sex And The City est apparue sur les écrans de HBO en 1998, à l’aube de ce qu’on n’appelait pas encore l’âge d’or des séries. Michael Patrick King, le showrunner d’alors, est resté accroché à ces histoires pourtant terminées en 2004, qu’il a prolongées sous forme de longs métrages plus ou moins inspirés, et finalement avec ce “spinoff” apparu fin 2021, comme un étrange cadeau de Noël. Au départ, une seule saison était prévue, mais le succès aidant – bien moindre qu’à l’époque, il faut le dire – a décidé HBO Max à commander une deuxième fournée. On sait même qu’une troisième est en préparation pour 2025. Carrie Bradshaw devrait donc entrer dans la soixantaine avec And Just Like That.
C’est évidemment ce qui nous retient devant l’écran, y compris dans les nouveaux épisodes : la certitude d’entrer en territoires inconnus, de regarder vieillir des héroïnes – et quelques héros, aussi – en encaissant avec elles et eux une série d’épreuves ou de renaissances. La question des femmes de plus de 40 ans, 50 ans, et plus, se pose dans la fiction de manière aiguë depuis quelques années. C’est la moindre des choses, même si le traitement de ce qui fut longtemps l’angle mort de la représentation des femmes reste inégal. Il y a quelques mois, dans la série Alphonse de Nicolas Bedos que peu de monde a vue, le réalisateur de La Belle Époque mettait en scène des sexagénaires désirantes. Mais il le faisait avec un tel mépris et un tel manque de délicatesse que la tentative restait vaine.
And Just Like That est évidemment beaucoup plus queer – comme son équipe d’écriture – et c’est par cette queerness qu’elle trouve ses aspects les plus contemporains, notamment autour du couple formé par Che (une personne non binaire interprété·e par l’acteur·ice Sara Ramirez) et Miranda, l’historique Cynthia Nixon, qui jouait une hétéro dans Sex And The City et trouve ici un récit plus en phase avec son orientation sexuelle. Dans la nouvelle saison, Miranda crève l’écran, que ce soit à travers sa belle histoire d’amour où l’écoute compte plus que tout, ou dans la manière qu’elle a de vivre avec son corps. Il est question de tatouage et de nudité, d’une façon honnête et presque brutale.
D’une manière générale, And Just Like That ne détourne pas les yeux des défis que représente le fait de continuer à désirer et avancer dans l’existence après la cinquantaine. On parle d’interventions esthétiques, de cul plus ou moins raté, dans un mélange parfois branlant de pure comédie outrée et de mélancolie assumée – Carrie fait toujours le deuil de Big, son amour décédé durant la première saison. Tout cela n’a rien de parfait, mais quelque chose dans l’élan de la série, sa manière de tenir debout malgré tout, nous charme profondément.
And Just Like That saison 2 est disponible via le Pass Warner.
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