Au théâtre, elle joue « Roméo et Juliette » avec Niels Schneider. Ana Girardot parle de la saison 2 des « Revenants », de Karl Lagerfeld et des clips de M.I.A.
On voit de plus en plus d’acteurs venus du cinéma au théâtre… Pour quelle raison à ton avis ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ana Girardot – Avec l’économie actuelle du cinéma, beaucoup de projets de films sont arrêtés en cours de montage financier. Le théâtre est devenu une valeur sûre.
C’est ta première fois sur scène ?
Oui. Mais j’ai pris des cours à New York pendant deux ans, entre 18 et 20 ans. C’était près de Times Square, dans un grand loft. Je me suis retrouvée dans un cours en anglais, entre des it-girls et une prof à la tignasse rousse qui appliquait à la lettre la méthode de Lee Strasberg (rires). Finalement, ça s’est très bien passé et je suis devenue son assistante…
Comment as-tu abordé Juliette ?
J’avais une idée préconçue de Roméo et Juliette. Pour moi, c’était une histoire d’amour à l’eau de rose, même si j’avais vu et adoré le film de Baz Luhrmann. Et puis j’ai fini par me raconter une petite histoire, par comprendre la puissance et la modernité du texte aujourd’hui : au fond, les Montaigu et les Capulet sont comme deux familles corses qui se font la gueule depuis 1910 sans savoir pourquoi (rires). Et puis il y a bien sûr Juliette, son parcours de femme sur cinq jours qui est assez génial : elle se marie, maquille sa mort… Dans le public, j’ai remarqué que des couples se roulent des pelles pendant le spectacle.
Il y a plusieurs scènes où tu es court vêtue. Quelle est ton rapport à la nudité ?
Au début, j’ai eu un peu de mal. Pendant la scène du lit, on se battait avec Niels (Niels Schneider, dans le rôle de Roméo – ndlr) pour avoir la couverture (rires). Mais bon, ce sont des scènes très pudiques, plutôt mignonnes je trouve. Nicolas (Nicolas Briançon, metteur en scène – ndlr) m’a montré des productions de Roméo et Juliette où les acteurs sont totalement nus…
On t’a découverte en 2010 dans Simon Werner a disparu… de Fabrice Gobert. Tu as l’impression d’avoir fait du chemin depuis ?
Oh oui… J’ai revu Simon Werner récemment et j’ai eu envie de me cacher dans un trou de souris. (elle feint les sanglots). Comment j’ai pu jouer aussi mal ! On dirait une patate.
Fabrice Gobert que tu as retrouvé sur la série Les Revenants…
Oui, je joue une jeune femme très étrange… Lucy Clarcin. Elle est serveuse et communique avec les morts. Et quand elle couche avec les gens, alors ça devient carrément Whoopi Goldberg dans Ghost (rires). Pendant le tournage de la première saison, je disais à Fabrice : « Je ne comprends pas mon rôle, je joue quoi ? » Et lui me répondait avec de grands gestes : « Du mystère ! »
Tes parents sont tous deux acteurs (Hippolyte Girardot et Isabel Otero), c’est inhibant ou encourageant ?
Ni l’un ni l’autre. La seule fois où j’ai pris conscience du métier de mon père, c’est le jour où, à Eurodisney, Mickey lui a demandé un autographe ! Mes parents interviennent peu dans ma vie professionnelle, même si je fais lire les scénarios à ma mère pour avoir son avis. Ma mère m’a abreuvée de comédies musicales. Mon père est plutôt du genre à me trainer à 14 ans voir un film sur les favelas…
Tu vas voir beaucoup de films ?
Je regarde un film par jour. En ce moment, je suis dans un cycle Fred Astaire. Le cinéma hollywoodien des années 40, c’est ma zone de réconfort. Cela a aussi influencé mes goûts musicaux, j’adore le jazz des années 30 : Cole Porter, Bing Crosby, Ella Fitzgerald…
Tu as suivi le débat sur la convention collective ?
Je n’ai pas de discours ultrarodé sur la question. J’ai refusé de répondre à un journaliste qui me demandait : « Et vous, vous gagnez combien ? » Je trouve dommage qu’en votant cette convention, de plus petits films ne puissent plus se faire.
On t’a vue aux défilés de la Fashion Week…
Je suis accro aux défilés Chanel. Ce sont de vrais shows à la scénographie spectaculaire. Une fois, il y avait trois éoliennes sous la nef du Grand Palais ; la fois d’après, un concert de Sébastien Tellier avec des top qui descendaient un grand escalier en robe et baskets. J’ai dit à Karl Lagerfeld qu’elles ressemblaient à des héroïnes de Rohmer…
Et il est sympa Karl Lagerfeld ?
Il est drôle ! C’est un homme avec beaucoup d’humour. Quand je lui ai dit que l’idée des baskets était géniale, il m’a répondu (elle imite son accent) : « Evidemment, cela aurait été beaucoup trop long qu’elles dévalent les escaliers avec des grands talons, ça aurait pris deux heures et demie ! »
Quels créateurs aimes-tu porter ?
Carven, Chanel et un jeune créateur, Pascal Lillet. J’aime le style tomboy new-yorkaisparisien (rires). Il y a des jours où je vois un clip de M.I.A. et je porte des couleurs fluo et des Adidas. Le lendemain, je m’habille comme Jane Birkin ou Audrey Hepburn…
Savais-tu que sur Twitter, tu as une jumelle espagnole ?
C’est moi ! (rires) Mais je n’ai posté que deux tweets. Je ne suis pas très « I slap my face with my phone », comme disent les stars de Twitter. Mon moyen de partage, c’est plutôt Instagram. Je poste des photos des coulisses, des selfies avant d’entrer sur scène…
Est-ce que ton image t’importe ?
L’image, très important pour tout le monde. En tant que comédienne, je préfère rester discrète, ne pas fréquenter exagérément de soirée people.
Ton modèle féminin ?
Beyoncé. C’est une énorme bosseuse, une acharnée du travail qui veut laisser sa marque, rester dans la légende. J’admire son énergie.
Romeo et Juliette de William Shakespeare, mise en scène Nicolas Briançon, jusqu’au 29 avril au Théâtre de la Porte Saint-Martin, Paris Xe, portestmartin.com
{"type":"Banniere-Basse"}