La série de ABC est la plus ambitieuse diffusée sur un network depuis longtemps. Cela en fait-il la meilleure ?
Les derniers épisodes de la saison 2 d’American Crime ont confirmé le statut de la création de John Ridley (scénariste de 12 Years a Slave) à l’intérieur des grandes chaînes hertziennes, les networks, soumises à la publicité. Tendue, précise, sans emphase, celle qui étudie chaque année un nouveau cas criminel sur ABC pendant dix épisodes se fout à peu près totalement des contraintes ordinaires du médium, fondées sur la culture du rebondissement.
Les enjeux du genre et de l’homophobie
Elle ressemble à une série du câble mais n’en est justement pas une. En plongeant dans les conséquences d’un viol entre adolescents sur deux écoles d’Indianapolis, en prenant de front la question raciale aux Etats-Unis autant que les enjeux du genre et de l’homophobie, cette saison a posé un regard panoptique sur une société aux violences plus ou moins feutrées, pour un bilan mélancolique des années Obama en forme d’examen de conscience collectif. Elle a rempli aussi le vide laissé par d’autres séries de networks en essayant de montrer le pays tel qu’elle le voit. Une manière de sauver l’honneur.
Cela fait d’American Crime l’une des deux ou trois meilleures productions actuelles hors câble, même si son esprit de responsabilité et de sérieux lui coûte parfois un peu de finesse et de hauteur romanesque. Au-delà de ses qualités intrinsèques, elle rend nostalgique des séries grand public conçues comme un écho social stylisé, qui peuplaient la télé il n’y a pas si longtemps, avec notamment Urgences ou New York, police judiciaire. Cette ère semble définitivement révolue, et c’est aussi ce que raconte notre intérêt pour American Crime.
American Crime saison 2 en replay sur Canal+ Séries