La série phare de l’année dernière revient en saison 2, avec Colin Farrell et Vince Vaughn. Premières impressions.
True Detective avait provoqué un choc de grande ampleur lors de sa première saison, réchauffant l’hiver 2014 avec ses deux flics perdus dans les terres de Louisiane, à la recherche d’un abominable serial-killer. Comment ne pas en attendre beaucoup pour son retour en deuxième saison, même sans Matthew McConaughey et Woody Harrelson ? Son créateur Nic Pizzolatto l’avait annoncé dès le départ : la série reprend le vieux gimmick narratif de l’anthologie, proposant une histoire et des personnages nouveaux. Nous voici donc translatés vers la Californie, mais pas n’importe laquelle, celle qui hésite entre des autoroutes, la mer et les collines, aux frontières de Los Angeles. Une terre à la fois belle et désolée dont les replis les plus noirs façonnent l’intrigue.
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Le générique, hanté par la voix de Leonard Cohen dans une version à l’os de Nevermind (chanson de son dernier album Popular Problems), laisse place à un ciel brûlant de coucher du soleil. La colonne vertébrale de cette saison se profile alors – nous avons pu voir les trois premiers épisodes. Un entrepreneur-truand (Vince Vaughn) perd la trace de son associé dans un projet immobilier de grande ampleur, ce qui pourrait le mettre sur la paille. Il travaille sous le manteau avec un flic alcoolique (Colin Farrell) séparé de son ex et incapable de surpasser un traumatisme impliquant cette dernière. Une policière (Rachel McAdams) et un officier de la Highway Patrol (Taylor Kitsch, génial) chassent leur spleen en se plongeant dans l’intensité pleine de bruit et de fureur du boulot. Si Pizzolatto a entendu les critiques sur le manque de femmes intéressantes en intronisant Rachel McAdams, c’est aussi pour mieux ironiser sur la misogynie. “Je soutiens le féminisme : j’ai des problèmes avec l’image de mon corps”, lance le moustachu Colin Farrell à sa partenaire lors d’un trajet en voiture.
Flash-backs et états de semi-conscience
Entre chien et loup, le soleil rasant de la côte californienne fait son office. La caméra de Justin Lin (réalisateur des deux premiers épisodes) scrute avec une insistance poisseuse les visages de héros débordants de défaites passées, souvent sexuellement contrariés. Pour ce qui est du récit, ce True Detective deuxième manière privilégie une certaine linéarité. Même si quelques flash-backs et autres états de semi-conscience surgissent çà et là, il s’agit d’une petite déception. La saison inaugurale, plus déconstruite, transformait le temps en un personnage à part entière. Cela participait largement de notre envoûtement. Dans ses moments les moins forts, True Detective ressemble désormais à un thriller comme les autres, juste un peu plus stylé, presque obséquieux. Le businessman véreux incarné par Vince Vaughn, encore assez peu concerné, n’y est pas pour rien.
Inutile pour autant de déclarer la série perdue pour la cause. Son univers corrompu, sa géographie et les enjeux criminels qu’elle soulève rappellent le film noir le plus célèbre des seventies, Chinatown de Roman Polanski. Un ensemble de conjectures qui peuvent mener très loin. Ensuite, si la saison 1 avait électrisé les foules immédiatement, l’effet de surprise forcément moins fort rend aléatoire tout jugement hâtif.
Même si elle semble se perdre parfois dans son propre désir de maîtrise, True Detective possède toujours l’art de convoquer des visions étonnantes, voire hypnotiques, des figures maléfiques aussi effrayantes que dans les contes pour enfants, ceux que personne n’oublie jamais. Il n’en faudrait vraiment pas beaucoup pour que ses griffes se referment à nouveau complètement sur nous.
True Detective saison 2 à partir du 22 juin, 20 h 50, OCS City.
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