24 heures chrono, c’est fini. Moins forte sur la fin, la série reste néanmoins une pièce majeure de l’histoire contemporaine du genre.
Nevermore. Le décompte est terminé. Plus de bip… bip… bip… bip… égrenant les secondes, de » Previously on 24″ ( » Précédemment dans 24 heures chrono »), ni de « Events occur in real time » ( » Ces événements se déroulent en temps réel »).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Plus jamais de sonnerie de téléphone estampillée CTU, la cellule antiterroriste. Terminés les « Now ! » inlassablement hurlés par Jack Bauer. Enterrés les split-screens hystériques et l’adrénaline pure comme mode de récit.
On en passe, faites votre choix. Car au-delà du fétichisme commun à tout amateur, un monde disparaît. Le temps ne fait pas toujours que du bien aux séries, même les grandes. Pourtant, la fin de 24 heures chrono reste objectivement un événement absolu.
Avant son apparition, un jour de septembre 2001 sur les antennes de la Fox, l’engouement désormais mondial pour le genre restait balbutiant, ou pire, un peu honteux. Mais le dispositif sans précédent inventé par Robert Cochran et Joel Surnow a tout changé.
Quelques années après Urgences, les aventures du justicier le plus dingue de l’histoire ont capté l’attention du public français avec une force peu commune. Pas mal de gens dans l’Hexagone ont découvert la puissance des séries contemporaines avec 24 heures chrono. Avant, ils prenaient leur télécommande avec des pincettes. Ils sont sortis du placard.
Pas mal de gens, il faut bien l’avouer, ont également laissé tomber la série au fil des saisons. Peut-on leur en vouloir ? A moitié seulement. Premièrement, une série s’arrête, au fond, quand on décide de ne plus la regarder. Ceux qui ont préféré filer en douce après la saison 4 peuvent dormir tranquille, ils ont fait l’expérience de 24 heures chrono.
Ensuite, la spécificité narrative de cet objet singulier n’offrait pas tous les gages de longévité. Plus que d’autres, 24 heures chrono s’est mise à tourner en rond. C’était même son objet, d’un certain point de vue. Reprendre les mêmes gestes et les mêmes motifs jusqu’à épuisement de chaque côté de l’écran.
Après quelques années, l’énergie dont elle avait besoin pour survivre s’est mise à prendre tout l’espace, Jack et ses sbires sont devenus de moins en moins crédibles. La saison 8, la dernière, restera sans doute comme l’une plus faibles.
Après quelques très beaux épisodes (le quatrième, par exemple) en début d’ouvrage, le feu s’est éteint par vagues successives, avant que la flamme ne se ravive juste avant la fin. Si on peut conseiller de la regarder, ce n’est plus pour trembler de peur ou de surprise devant l’enchaînement des événements, mais pour observer la disparition progressive d’un corps aimé, celui de Jack Bauer.
Ce martyr d’une cause perdue (la sienne) devient une sorte d’artiste « performeur » masochiste à mesure qu’approche la fin. C’était déjà le cas en creux lors des saisons précédentes, mais désormais, sa vie entière ressemble à un chemin vers l’abîme, une marche en avant sans horizon.
Blessé, humilié, abandonné, Jack ne sait même plus pour qui il avance, ou à peine. Son regard trouble, comme égaré, évidé, impossible à raccrocher au reste des humains, voilà ce qui lui restera au bout du compte. Voilà ce qu’il restera à filmer.
On n’en dira pas davantage, mais dans l’ennui probable des fêtes de Noël, un soupçon de mélancolie si bien amenée ne peut pas faire de mal. En plus de la huitième saison, le coffret intégral de la série vient également de sortir. Pourquoi ne pas s’y replonger ? Après tout, aucune série ne remplacera jamais 24 heures chrono.
Olivier Joyard
24 heures chrono DVD saison 8 (Fox, environ 30 euros). Intégrale huit saisons (Fox, environ 100 euros).
{"type":"Banniere-Basse"}