Malgré sa volonté de défricher un territoire encore vierge, la nouvelle série “Star Wars” ne parvient pas à nourrir une identité narrative et visuelle suffisamment solide pour réveiller la saga.
À l’exception d’Andor et de quelques morceaux de bravoure du Mandalorian, les séries dérivées de la saga Star Wars, dont l’arborescence ne cesse de croître depuis son rachat par Disney, peinent à convaincre. Inhibés par leur révérence envers les codes de la franchise et les attentes contradictoires de ses fans, leurs architectes parviennent difficilement à nourrir des imaginaires à la hauteur du mythe cristallisé par les films de George Lucas.
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Pour remédier à cette crise, Kathleen Kennedy, la présidente de LucasFilms, a initié depuis quelques années une phase scénaristique transmédia visant à investir un territoire encore vierge de la saga. Romans, bandes dessinées ou jeux vidéo (dont le très attendu Eclipse) explorent l’époque de la Haute République, plusieurs siècles avant les aventures des Skywalker. Une ère de paix et de prospérité dominée par un Ordre Jedi au fait de sa puissance, que l’émergence de forces obscures va venir fissurer.
Croisade meurtrière
Première série en prises de vues réelles à s’inscrire dans ce renouveau, The Acolyte semblait avoir les coudées franches pour définir son identité narrative et visuelle. Sa créatrice Leslye Headland, dont on avait apprécié Poupée russe, avait piqué notre curiosité en évoquant une structure de whodunit (enquête policière dont les indices sont disséminés aux spectateur·ices) croisée aux chorégraphies des films d’arts martiaux.
La première séquence est à l’avenant : la Jedi Indara (Carrie-Anne Moss, inoubliable Trinity de la saga Matrix) y affronte une guerrière sensible à la Force dans une scène d’action qui cite explicitement les Wachowski et leurs influences asiatiques. Alerté, l’Ordre Jedi dépêche le maître Sol, le chevalier Yord et la padawan Jecki Lon pour mettre fin à la croisade meurtrière de cette inconnue familière.
Les origines de l’Ordre
Les quatre épisodes que nous avons pu visionner échouent hélas à conférer le moindre souffle dramatique à cette traque, délayée par des échanges fades et dont les scènes d’action manquent cruellement de dynamisme. Malgré une volonté de s’éloigner des codes de la franchise, The Acolyte produit des visions tellement peu consistantes que ses modèles suintent en transparence, quand elles ne se dissolvent pas dans le tout-venant de l’heroic fantasy contemporaine.
Si l’on salue la volonté de déconstruire le manichéisme de la saga en questionnant les origines de la puissance de l’Ordre, qui révèle ses tendances autoritaires et son impérialisme moral, la série ne parvient pas à nous attacher au destin de ses personnages, nouveaux visages qu’on a paradoxalement l’impression d’avoir croisés mille fois. Bien que les Jedi y soient légion, la Force, elle, semble avoir boudé The Acolyte.
Star Wars: The Acolyte, de Leslye Headland, avec Amandla Stenberg, Jung-Jae Lee, Carrie-Anne Moss… Sur Disney+.
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