Experte en upcycling et encyclopédie Web3 vivante à tout juste 29 ans, Vanille Verloës, styliste et créatrice, utilise ces deux outils pour imaginer une mode au ralenti. Pendant la semaine parisienne des défilés, elle présentait une collection de quinze pièces upcylées en partenariat avec la Vallée Village. Rencontre.
Celleux qui arpentent les scènes mode parisiennes reconnaissent Vanille Verloës à son look pointu articulant pièces vintage de créateurs – des ensembles en jean Dior signés John Galliano ou des chemises imprimées Roberto Cavalli – et accessoires issus des années 2000. Cheveux blonds, visage aux traits délicats, yeux clairs, elle aurait pu se résoudre à une vie d’influenceuse paisible et pailletée, enchaîner les partenariats et se taire. Mais Vanille Verloës n’aime pas le vide et utilise son image pour parler.
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“La mode ne devrait plus suivre un rythme infernal nivelé par des deadlines constantes. Ça ne sert plus à rien de courir : il faut trouver de nouveau moyen de produire, et continuer d’innover en utilisant différents savoir-faire, que ce soit la couture ou le web design. À travers mon travail, le stylisme, la création textile et la réalité augmentée, j’essaye de suivre de nouvelles pistes”, explique-t-elle.
Encourager l’upcycling
Derrière la carapace instagrammable se cache une geek, insatiable de savoirs et œuvrant sur deux fronts complémentaires : le Web3, qu’elle envisage à la fois comme un espace décuplant la créativité et permettant de changer notre consommation vestimentaire, et l’upcycling, soit la revalorisation de déchets textiles.
Pendant la Fashion Week de Paris, elle dévoilé une collection 100 % durable, imaginée en partenariat avec la Vallée Village. Doudoune fabriquée à partir de pulls Lacoste, robe inspirée des années 1930 composée d’une blouse Claudie Perlot ou d’une chemise Alain Figaret customisée d’impressions réalisées par cyanotype : quinze grands classiques sont revisités, articulés à une série d’ateliers ouverts au public. “Des néophytes à celleux qui savent coudre, les sessions d’apprentissage de l’upcycling visent à encourager les gens au Do It Yourself. Que faire des surplus, de vieux vêtements qu’on ne met plus ? Je partage mes process, ici et sur les réseaux, pour que chacun·e puisse les appliquer.”
La passion pour la mode d’hier et d’aujourd’hui
Très tôt, Vanille s’éprend pour ces vêtements que les autres ne veulent plus. Elle se balade dans les brocantes avec ses parents, férus du style des fifties et sixties. Pourtant le neuf et le clinquant de la planète mode l’attire : “Un jour, j’ai zappé sur Fashion TV et je n’ai plus changé de chaîne”, confie-t-elle. Son attrait la mène à Paris, sur les bancs de l’École de la Chambre syndicale de la couture parisienne, où elle se forme aux techniques de haute couture telles que le moulage. “C’est central pour moi de savoir fabriquer des choses par moi-même. Cela permet de rester autonome.”
Après quelques jobs, Vanille signe chez Chloé et se prend de passion pour le stylisme. Elle patiente, achève son contrat et s’envole au Japon où elle réalise sa première série mode pour Elle US en 2017 : “J’ai beaucoup appris et voyagé. C’était comme vivre une décennie en trois ans. Quand on est dedans, tout est très rapide. S’arrêter est impossible : on ressent très vite le FOMO (Fear of Missing Out).”
Créer des communautés
Le Covid-19 rebat les cartes. Confinée en plein cœur de la Pennsylvanie où elle était partie travailler, Vanille Verloës reprend des choses laissées de côté, et notamment la création textile avec l’upcycling. “Dès que j’ai gagné ma vie, j’ai collectionné des pièces vintage, notamment des pièces Dior de l’époque Galliano. Alors j’ai commencé à les recycler et j’ai créé la série de t-shirts Baby Dior. Le problème, c’est que les pièces étaient uniques. Les NFT sont alors apparus comme une solution et j’ai fait une collection intitulé ‘My baby upcycling’. Sous format numérique, chaque pièce est authentifiée et peut circuler”, raconte-t-elle. Ainsi, Vanille se met à tout lire et chercher tout sur le Web3.
Conférences, week-ends consacrés au sujet : elle ne manque rien. “J’adore apprendre, j’aime savoir et comprendre comment faire les choses. Ça permet aussi de mieux communiquer avec les autres.” Et après tout, n’est-ce pas cela la mode ? À la fois raconter l’époque et créer des outils pour communiquer ?
Alors qu’elle a déjà créé son avatar, Vanille Verloës imagine la mode de demain avec la réalité augmentée : “La majorité des vêtements est utilisée pour des photos. La réalité augmentée permettrait de régler cette question et de s’amuser en créant des vêtements surréalistes. Plein de perspectives se dessinent.”
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