Cette jeune marque engagée prouve le potentiel de contestation dans la mode.
Fondée par le créateur marocain Mohamed Khattabi en 2020, Reward If Found agit comme une plateforme créative ancrée dans une volonté de visibilité et d’activisme dans et par le vêtement. Par son choix de mannequins, ses créations sans genre, l’upcycling, des slogans et des symboles forts, Khattabi porte une attention centrale sur la communauté, l’échange, la cyclicité. Mais imagine aussi une élégance singulière et ancrée dans un chahut des codes et des normes, avec des volumes contrastés, des lignes organiques et rigoureuses, des clashs intentionnels de motifs.
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Travaillant avec deux associations centrées autour de la migration et des questions queer, Displacement Solutions et Famille au grand cœur, Reward If Found s’inscrit dans une nouvelle génération de mode qui regarde vers l’avant. Rencontre avec son fondateur.
Pourriez-vous me parler du choix de nom de votre marque ?
Mohamed Khattabi – Cela vient d’un livre sur Kurt Cobain sur lequel était écrit “reward if found”. Ce que j’ai aimé, c’est que l’acronyme, “RIF”, fait référence aux montagnes du Maroc. Ces montagnes étaient le refuge des rebelles antisystème et cela fait vraiment partie de l’ADN de la marque, qui s’adresse à toutes les communautés qui peuvent se sentir marginalisées et à tous les rebelles.
Comment ces idéaux sont-ils appliqués à travers le processus des collections ?
Les imprimés sont inspirés par l’idée de mouvement et de déplacement, l’idée de pouvoir se déplacer sans frontières. La notion de déplacement est au cœur de mon travail créatif. De nombreuses personnes se déplacent par choix ou sont contraintes pour des raisons politiques ou climatiques. Ces valeurs sont également retranscrites dans le choix des personnes avec lesquelles je collabore, qui ont toutes et tous des personnalités authentiques et des parcours singuliers.
Le vêtement peut-il être militant, et si oui à quelles conditions ?
Le vêtement est militant bien sûr. Le vêtement a toujours été un repère chronologique. Mon travail est ancré dans l’époque dans laquelle nous vivons et j’essaie de faire en sorte que mes collections fassent écho à notre époque. Il y énormément de revendications aujourd’hui et elles m’inspirent beaucoup à travers les messages très militants qu’elles véhiculent pour une nouvelle vision Punk, plus consciente, engagée. Le militantisme est au cœur de mon projet. Le vêtement, pour moi, est un fort vecteur de communication.
Et la marque de mode peut-elle être une structure de changement social ?
La mode est un médium surpuissant qui peut avoir un impact sur des causes importantes. On l’a vu avec le Sidaction par exemple. À travers mes créations, je cherche à donner plus de visibilité à cette notion de déplacement qui me tient à cœur. Cela permet de contribuer au changement et de faire en sorte de vivre dans un monde plus vivable et plus juste. Je crois beaucoup au fait que toutes les causes sont liées. Un monde juste est un monde sans discriminations, ce qui renvoie d’ailleurs à la notion de punk.
Pourriez-vous me parler de vos partenariats avec Displacement Solutions et Famille au grand cœur ?
Displacement Solutions (DS) est une organisation à but non lucratif qui travaille avec les personnes déplacées par le climat, ainsi que les communautés, les gouvernements et les Nations unies, pour trouver des solutions foncières fondées sur le droit au déplacement climatique. DS travaille également à donner aux personnes déplacées et aux réfugiés les moyens d’exercer leur droit au retour et à leur restituer leurs maisons, terres et propriétés d’origine en s’appuyant sur le droit à la restitution.
Famille au grand cœur est une association basée à Montpellier, créée en 2021, dont le but principal est d’accueillir, de soutenir et de trouver des familles d’accueil pour les jeunes, les adultes, les LGBTQ+, les demandeurs d’asile et les réfugiés. Il s’agit de la première association en France créée par, pour et avec les demandeurs d’asile et réfugiés LGBT+.
Une série de t-shirts intitulée “Bubble Tees” sera publiée sur notre site le 28 février et une partie des bénéfices récoltés sera versée à ces deux associations.
Vous êtes dans une démarche et un soutien à la fois queer et environnementaux – quel est le point commun entre ces deux champs de réflexion ?
Le point commun est le déplacement et ses différentes causes. Beaucoup de mes amis ont dû quitter leur pays du fait de leur identité, de leur identification, de la situation politique. En plus de cela, le respect de l’environnement passe obligatoirement par le respect des personnes. Les deux sont donc intrinsèquement liés.
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