2022 a été marquée par les microtrends TikTok et de la seconde main, l’esthétique glam trash des ados d’“Euphoria” et le minimalisme sobre de The Row, ainsi que les métavers et la déconnexion. Une série d’oxymores qui se télescopent et se prolongent en 2023.
Le tout “sleaze” sonne la fin du “core”
T-shirt orné du nom d’un groupe indé, chemise à carreaux, collant criblé de trous et polaroïd à la main : bienvenue en 2006 en pleine ère de l’indie sleaze, soit la grande gueule de bois des années 2000. Articulant nostalgie grunge, brit pop, et vague hipster, l’esthétique post-crise des subprimes est caractérisée par un désordre apparent. Si 2022 a permis une réactualisation de ce style, 2023 marque l’ère de son hybridation généralisée. “Sleaze” est un véritable “mood”.
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Sur les internets, les usages du suffixe se multiplient et supplantent son ancêtre “core”, synonyme d’esthétique lisse et prévalent depuis 2018. Le Ballet Sleaze propose de porter des ballerines déglinguées version Amy Whinehouse, tandis que le Mermaid Sleaze articule l’univers onirique de sequins bleus de la petite sirène à la subculture gothique. « Les ‘sleaze’ subvertissent leurs vêtements et accessoires, les rendant plus grunge, plus nerveux. Ils ne tentent pas de capturer l’essence d’une esthétique comme le font les ‘core’”, peut-on lire sur TikTok. À la quête de pureté succède la quête d’un style bricolé glorifiant la réutilisation et l’usé.
Le slobwear, le nouveau normcore
Un style casual mais snob, inspiré du normcore des années 2010 : voici comment résumer cette nouvelle variante anti-mode. Large doudoune Patagonia, sabots Scholl ou Birkenstock, t-shirt oversize issu d’une marque technique pointue : le slobwear prolonge l’uniforme du confinement. Alors que dans certains secteurs d’activité, le télétravail est devenu la norme, cet uniforme aux lignes minimalistes articulant confort et nonchalance semble être le privilège de citadins occidentaux.
Sur les podiums masculins, le slobwear se devine dans le long manteau couverture de Fendi, les bombers aux volumes nuages signés Prada ou encore les pantalons seconde peau façon legging chez Gucci. À la frontière du masculin et du féminin, le slobwear version 2023 est-il synonyme de fluidité des genres ?
Le revival des raves
Pantalons parachutes métallisés et t-shirts multicolores chez Rick Owens, palette fluo et jeans baggys chez Bluemarble, manteaux verts délavés et piercings à l’arcade chez Balenciaga : l’uniforme libertaire et haut en couleurs du raveur se devinait sur les podiums 2022, alors que les festivals faisaient leur retour. En novembre 2022, le géant italien Diesel organisait même une rave de 17 heures à Londres en partenariat avec la radio NTS, tandis que sur Internet, le site d’archives Tough Luck documente les looks de cette subculture mondiale en pleine renaissance.
Pour Jordan Taylor, fondatrice de Tough Luck, la rave serait une échappatoire obligatoire pour grandir et une réaction à la montée des gouvernements conservateurs. Elle n’est pas la seule à assimiler les raves à une histoire de rebellions : sur TikTok, le hastag raveculture90 comptabilise 33,5 millions de vues avec des formats courts documentant des branches souterraines du mouvement, comme le gabber né au début des années 1990 à Rotterdam. 2023 sonne donc l’ère de l’historien de la rave.
Les stars en Karl Lagerfeld vintage
Zendaya en Valentino 1992, Bella Hadid en Jean-Paul Gaultier haute couture 2002 à Cannes : les tapis rouges sont devenus un lieu d’exposition des archives des grandes maisons, permettant de glamouriser le vintage et d’attribuer un capital mode aux célébrités. Récemment, Miley Cyrus adoptait un look de “riche divorcée” en robe noire Gucci de l’époque Tom Ford, articulée à de rares pièces de Galliano pour Dior. Avec l’arrivée en mai 2023 de la première rétrospective Karl Lagerfeld au Metropolitan Museum of Art de New York, les tapis rouges devraient se peupler de pièce Fendi et Chanel. Les plus pointu·es adopteront les silhouettes Chloé, dont le Kaiser a dirigé les collections entre 1963 et 1983. Une tendance qui participe à la normalisation de la seconde main ?
Dialoguer mode avec ChatGPT
Écrire un poème, une recette de cuisine ou un court article : l’application d’intelligence artificielle lancée en décembre 2022 par la société OpenAI suscite déjà de nombreux débats. Soulevant des questions éthiques, l’outil conversationnel répond à des nombreuses interrogations farfelues – mais peut-il répondre à des questions concernant la mode ? Interrogé sur les grandes tendances des années 2000, ChatGPT résume les principales esthétiques aussi aisément qu’un article de mode basique : les jeans taille basse, le motif camouflage, les tops à fines bretelles ou encore le style indie rock. Ses prédictions 2023 ?
“Il est possible que les tendances actuelles telles que la mode écologique et durable, le style de vie minimaliste et les vêtements confortables continuent à être populaires. Il est également possible que la technologie joue un rôle plus important dans la conception et la production de vêtements, avec des vêtements connectés et intelligents étant plus couramment disponibles.”
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