La semaine de la mode masculine printemps-été 2021 a défilé en ligne, remplaçant le podium par une grammaire digitale des plus élaborées.
Comme la Haute Couture quelques jours auparavant, la fashion week de l’homme a dévoilé, du 9 au 13 juillet, ses collections de façon entièrement dématérialisée. Cette mesure de sécurité contre la Covid-19 a donné lieu à un calendrier non moins rempli, où, toutes les heures, une marque mettait en ligne une vidéo remplaçant son habituel podium. La surprise était donc double : on découvrait autant les vêtements (ou dans certains cas pas du tout) que la grammaire numérique employée pour amplifier l’ambiance de la saison.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Etudes a opté pour un plan travelling d’un garçon de dos à la longue chevelure coiffée d’une casquette normcore, déambulant dans le nord de Paris habillé d’une redingote aux faux airs de blouse médicale. Entre tailoring et workwear, les costumes étaient portés avec l’aise d’un survet’, et les imprimés graphiques venaient injecter de la couleur sur les coupes rigoureuses.
Le baggy XXL version courte
Pour Y/Project, une vidéo en triptyque de mannequins en train de se faire habiller, jogging a pression multi-couches à volants et jean patché ; le bouton-pression réapparaît sur un haut déstructuré faisant un clin d’œil à l’architecture modulable. Le baggy XXL est de retour, version couture.
Le duo gagnant du festival de Hyères Botter a commencé par un message de soutien au mouvement Black Lives Matter, avant de lever le rideau sur leur studio, ou l’on entre-apercevait des plissés fleuris, des accessoires upcyclés et des costumes à bord franc.
>> A lire aussi : La Haute couture défile en ligne
Du côté de Louis Vuitton, Virgil Abloh a imaginé un road trip dans Paris peuplé de cartoons psychédéliques. Les vêtements, quant à eux, étaient laissés à notre imagination. Il n’était pas le seul.
https://www.youtube.com/watch?v=bsgIiFROWQc
Dries Van Noten, encore plus minimaliste
Chez J.W Anderson, une vidéo très courte d’un garçon à demi nu, étalant et épinglant des photos et morceaux de tissus, gardés floutés, faisant office de présentation des pièces.
Pour Loewe, dont Anderson assure la création artistique, il est apparu seul sur un fond noir expliquant la démarche et le savoir-faire, ne laissant qu’entrevoir quelques silhouettes et accessoires. Le message était clair : le focus était avant tout sur l’éthos de la marque et son savoir-faire plutôt que son look global.
Encore plus minimaliste, Dries Van Noten s’est contenté d’un plan fixe sur un mannequin en plein “air drums”, ou mimant un solo de batterie.
Plus proche d’une campagne que d’un défilé digital, le créateur, comme les autres noms évoqués, semble indiquer une mouvance importante dans la mode actuelle, qui questionne la place du vêtement dans l’ADN d’une marque – ici mis de côté en faveur d’une ambiance et d’une œuvre flirtant avec le vidéo-art. On peut dès lors en déduire qu’une marque est aujourd’hui davantage pensée comme une entité créative à 360 degrés plutôt qu’un simple fabriquant.
>> A lire aussi : La Constellation, ou le pari d’un bar queer sans alcool
{"type":"Banniere-Basse"}