Du 26 septembre au 4 octobre, la semaine de la mode dévoilant les silhouettes printemps-été 2023 s’est conclue à Paris après 64 défilés et 42 présentations officielles. Au programme : un show hommage au créateur Issey Miyake, décédé en août dernier, le retour de Comme des Garçons et Junya Watanabe à Paris, la première présentation parisienne de Victoria Beckham ou encore l’ouverture d’une boutique Jacquemus, avenue Montaigne.
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Grand soir couture avant l’apocalypse
Robe chamallow ornée de nœuds et de froufrous : pour Acne Studios, Johnny Johansson s’est inspiré des grandes fêtes de mariage. Par un jeu d’accumulations de satin et de dentelle, il extrapole les références marquant ce cérémoniel traditionnellement lié à la société patriarcale, tandis que Weinsanto propose une robe de mariée tubulaire accessoirisée d’une coiffe géante. Chez Rick Owens, les robes fendues couleur scarabée aux épaules pointues succèdent à d’immenses robes entre rose et noir, à rebours de son style post-apocalyptique mais confirmant sa maîtrise des volumes.
Pour Valentino, la tenue des grands soirs se traduit dans l’articulation du sequin dans un exercice de style autour de la petite robe noire, tandis qu’Anthony Vaccarello rend hommage à la collection haute couture automne-hiver 1969-1970 d’Yves Saint Laurent à travers une série de tenues transparentes. Des soirées parisiennes aux silhouettes “camp”, la mode détourne l’exercice de la robe parure : brillante, incandescente, elle finit tachée de boue chez Balenciaga et pose indirectement la question : les lignes coutures peuvent-elles réellement se démocratiser ?
Les dessous chic et inclusifs ?
Nuisette transparente portée de jour chez Chanel ou brassière et jupon fleuri en guise de tenue de ville : chez Dior, les dessous prennent le dessus. Les soutiens-gorge dépassent d’impers déconstruits chez Rokh et les caracos de dentelle s’articulent à la silhouette années 2000 chez Vaillant, tandis qu’ils surmontent des pantalons cargo chez Victoria/Tomas. En 2022, le sous-vêtement apparent n’est plus un simple jeu de provocation reposant sur l’inversion entre l’intérieur et l’extérieur. Il est un vêtement à part entière et s’articule à des robes de soirée à froufrous et des collants de dentelle portés avec de hauts talons chez Victoria Beckham, devenant le symbole d’une féminité aux corps pluriels chez Ester Manas qui signe le casting le plus diversifié de la saison. Loin du porno chic des décennies Helmut Newton puis Tom Ford, les multiples propositions de lingerie apparentes ouvrent-elles de nouveaux possibles de beauté ?
L’éternel come-back punk
Robe tartan chez Junya Watanabe, jean déchiré et délavé chez Vaquera ou Givenchy et cheveux coiffés en crête chez Valentino : des signifiants associés au costume punk des années 1970 continuent d’infuser la mode. Si à leur époque, ces signes intervenaient comme un brouhaha perturbant les cases établies par la société, ils figurent aujourd’hui dans les tendances. Les clous et les picots s’intègrent à la lignée naïve-romantique des poupées des années 2000 chez Acne ou Abra. Les crêtes coiffent les créatures de contes de fées déboulant en mini jupe dans l’Opéra Garnier chez Thom Browne. On reconnaît les boots militaires à lacets confinant simultanément au punk et au récit fétichiste homoérotique chez Ludovic de Saint Sernin. Si un mannequin coiffé d’une crête apparaît dans le show Balenciaga, la véritable disruption des normes pour Demna ne se trouve pas dans l’esthétique punk mais dans l’idéologie du mouvement qu’il actualise dans sa note de défilés, dénonçant la volonté des médias de tout classer. En cela, le voici roi des punks.
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