Cet été, les courbures et arabesques poétiques de l’artiste Pablo Reinoso s’invitent au domaine de Chambord, investissent l’espace et plongent le public dans une réflexion sur les liens entre le végétal et l’humain.
Après Alexandre Hollan, Djamel Tatah ou plus récemment Lydie Arickx et son exposition Arborescence, l’un des emblèmes de la Renaissance accueille cette saison plus de 50 œuvres de l’artiste franco-argentin Pablo Reinoso. Artiste pluridisciplinaire, il jongle entre sculptures, design de mobiliers, architecture et plus récemment peinture à l’encre de Chine. Ce touche-à-tout, né à Buenos Aires, expérimente ces différents canaux d’expression artistiques dans le but d’interroger la nature et ses limites, à l’instar de ses célèbres bancs spaghettis.
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Une ligne artistique engagée
Sensible aux dérèglements climatiques et autres enjeux environnementaux, l’artiste nous invite à repenser les frontières du design. Il mêle utilitarisme et force de la nature, nous laissant penser que les matériaux utilisés, comme le bois, reprennent leurs droits. Les bancs s’entrelacent, les cadres débordent et les arbres, aux allures de cyborgs, renaissent de leurs cendres.
Pablo Reinoso n’a de cesse d’insister sur les capacités de métamorphose du vivant et des objets. Camille Bardin, critique d’art, déclare notamment dans le communiqué de presse de l’événement que “ces œuvres sont des corps capables de passer d’une forme à une autre, sans jamais être déterminées”. Son travail lui évoque la notion de “rébellion”, comme si les matières tentaient de s’extirper de l’objet dont elles sont issues. Pablo Reinoso met en exergue le potentiel des objets “à travers le principe de la croissance végétale appliquée à la matière”, peut-on lire dans le catalogue du domaine de Chambord.
Les “débordements” de Pablo Reinoso investissent un lieu d’histoire
Ce joyau du patrimoine français met chaque année à disposition des artistes le château et ses jardins, situés au cœur du plus grand parc forestier clos d’Europe. La rencontre de Pablo Reinoso avec Chambord a ainsi sonné comme une évidence pour son directeur de la programmation culturelle Yannick Mercoyrol. L’écosystème est une source d’inspiration pour l’artiste, qui réfléchit à la façon dont l’humain et la nature pouvaient cohabiter.
L’exposition est composée de ses œuvres emblématiques et de 23 créations inédites réalisées pour l’occasion. Chambord a donné carte blanche à Reinoso dans l’enceinte de ses murs en autorisant, pour la première fois, un artiste contemporain à revisiter son iconique escalier à double révolution, pièce maîtresse du château. Le public pourra aussi y découvrir des cheminées embrasées, des cadres indisciplinés, une salle dédiée à ses peintures à l’encre de Chine… Encore une première, l’artiste a été autorisé à déborder sur les façades du château pour présenter Entrelacs, une installation massive de 45 mètres de hauteur faite d’entrelacements qui prolifèrent jusqu’aux jardins.
À l’extérieur, il sera possible d’admirer les étonnantes sculptures poétiques de l’artiste : bancs spaghettis qui se confondent en ondulations, arbres amputés ornés de leur prothèse métallique, sièges aux lattes géantes pointant vers le ciel et autres installations ludiques et courbées.
Débordements de Pablo Reinoso, jusqu’au 4 septembre 2022 au château de Chambord.
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