Après une première collaboration pop pour la collection “Cyber” de Jean-Paul Gaultier en novembre 2022, les deux créatrices adeptes d’upcycling se retrouvent et signent 26 pièces hautes en couleurs aux lignes végétales. Rencontre avec les femmes derrière Tétier Bijoux X La Manso.
“Amor, on commence le workshop dans le jardin, prends un croissant”, indique la créatrice de bijoux fantaisie en plastique upcyclés Adriana Manso aux journalistes venues découvrir le fruit de sa collaboration avec Florence Tétier, directrice de la création au sein de la maison Jean-Paul Gaultier. Il faut dire que le décor utra instagrammable et surréaliste a de quoi surprendre et émerveiller : une maison bourgeoise surmontée d’un nœud rose géant, dont les couloirs sont remplis de ballons de baudruche enfantins et les salons décorés des bijoux de la collection.
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Entre des sécateurs et du gazon authentiquement artificiel, les fleurs nacrées, métalliques ou translucides à paillettes fleurissent sur des cheminées anciennes. Classicisme et pop, kitsch et glamour s’hybrident dans ce néo-jardin. Sur certaines bagues rectangulaires, le second degré se devine : l’expression “Amor” qu’Adriana Manso ne cesse de répéter s’y inscrit.
“Amor, le workshop commence.” L’expression résonne à nouveau : Adriana patiente devant une longue table en bois, où pistolets à colle et pochons de paillettes ont été semés. Pendant une heure, elle se transforme en professeure, enseignant dans un esprit DIY l’art de la fantaisie mesurée aux journalistes attentives, qui ont enfilé leurs gants en caoutchouc et fouillent comme des bambins dans les boîtes aux mille paillettes pour décorer leur bague.
“Quand on est enfant, tout semble toujours nouveau et on ne cesse de s’enthousiasmer et de poser des questions. C’est un sentiment que je tente de conserver et de reproduire dans ma manière de travailler”, commente de son côté Florence Tétier, elle aussi assise à la table. Le pari est réussi. DIY, curiosité, hybridation des mondes : l’événement est à l’image des valeurs et des univers des deux directrices artistiques.
Fusion pop
L’union semblait aller de soi pour les reines du plastique, qui partagent un goût pour l’esthétique kitsch et glamour. Les détails exacts de leur rencontre ? Elles ne s’en souviennent plus vraiment. Des DM sur Instagram, du soleil, Marseille et une envie de pastis – la vie, en somme. “Cette collection, c’est un peu comme si Florence et moi avions fait un bébé !, s’exclame Adriana. Les motifs fleuris caractérisent l’univers de Tétier Bijoux, fondée par Florence Tétier en 2018, et les “pastillas” colorées qui décorent les bagues pop La Manso se joignent dans cette collaboration artisanale entièrement produite dans les ateliers d’Adriana à Barcelone. “C’est ici que je vis, que j’habite : je respire et expire Barcelone”, affirme celle dont les bijoux sont aujourd’hui portés par Dua Lipa ou Madonna.
L’art du quotidien
De son côté, Florence Tétier fait de la réutilisation et du bricolage le cœur de sa démarche créative. “Petite, j’accompagnais mon père dans les brocantes et j’aimais dénicher les trésors cachés. Je n’ai jamais arrêté d’aller à Emmaüs, ni de récupérer des vieux objets dans la rue. Il suffit de prendre ce qui existe déjà pour lui donner une nouvelle vie”, commente celle qui applique désormais le principe de “dénichage” à la maison Jean-Paul Gaultier, où elle invite chaque saison des créateur·ices à relire ses collections légendaires – des jeunes pépites comme Marvin M’toumo ou Nix Lecourt Mansion aux plus connu·es, comme Olivier Rousteing.
“C’est beaucoup de travail, mais c’est important de montrer les choses autrement – en somme, enseigner à regarder autrement. La collab avec Adriana va dans ce sens. Je ne veux pas aller vers l’évidence”, explique Florence Tétier. L’une comme l’autre questionnent les frontières de la mode et du goût, et mettent en lumière l’art du quotidien. Refusant les présentations marketing martelées, les hiérarchies entre pop et couture, ordinaire et extraordinaire, elles prouvent que la fantaisie est politique dans une ère ou tout le monde ne jure que par le retour à l’essentiel dans des tons minimalistes.
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