Partagées, commentées et détournées sur les réseaux sociaux, ces images racontent la place de la stylisation de soi en 2022.
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Le corps de Bella Hadid devenu vêtement chez Coperni
Le supermodèle est passé du string à la robe en un jet lors du show Coperni, le 30 septembre 2022. Prolongeant la tradition du défilé comme espace de performance, avec une référence à celui d’Alexander McQueen pour le printemps 1999, Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant ont créé le buzz en concevant la robe en direct sur la mannequin la plus populaire du moment (56 millions de followers sur Instagram).
26,51 millions d’euros : c’est le Media Impact Value (MIV) de ce moment mesuré par Launchmetrics. Preuve que le spectacle de la mode, articulant superstar et mise en avant des savoir-faire, reste une formule intemporelle. Reste à savoir si la robe moulée à même le corps est une formule applicable à tous·tes.
La sculpture sexpositive du show Diesel par Glenn Martens
Fabriquée en nylon argenté et représentant quatre corps entremêlés, la structure signée par le studio Dennis Vanderbroeck est immédiatement entrée dans le Livre Guinness des records. Dévoilé lors du second défilé du géant italien par Glenn Martens en septembre 2022, le symbole érotique et inclusif de sexpositivité et de désir se dispense de long discours.
Suivant la promesse d’une mode démocratique défendue par Martens, la structure est simultanément visible auprès des 5000 spectateur·ices (dont 1500 étudiant·es venu·es assister au show XXL) et des internets, qui ont reposté les images des looks Y2K. Total look denim délavé, micro mini jupe et robe futuriste : Glenn Martens travaille un vestiaire ultra désirable sans oublier de penser la dimension politique du désir aujourd’hui.
Le dos nu de Timothée Chalamet à la Mostra de Venise
Avec sa combinaison écarlate moulante dévoilant le dos, Timothée Chalamet a enflammé les réseaux sociaux en septembre dernier lors de la présentation de Bones and All à la Mostra de Venise. Dessiné par Haider Ackermann, qui a habillé l’acteur à plusieurs reprises, le vêtement symbolise un refus de l’uniforme smoking nœud papillon et affirme un désir masculin de mode.
La combinaison à col licol, dévoilée dans ce cadre codifié et ultramédiatisé, permet de questionner les conventions vestimentaires et leur construction genrée. Timothée Chalamet continue de jouer de sa visibilité pour proposer une nouvelle performance masculine – à défaut de parfaire le cannibale à l’écran.
Brad Pitt et sa jupe en promo pour Bullet Train
Ensemble en lin marron composé d’une veste et d’une jupe, larges bijoux dorés et rangers épaisses : Brad Pitt articule une pièce vestimentaire dite féminine et codes de la virilité. Un jeu que la polémique oublie en se concentrant sur un unique élément : la jupe. Portée par l’acteur aux cheveux blonds de 58 ans, la pièce est décrite comme “cool”. Pourquoi ? L’éternel jeune premier d’Hollywood, qui a marqué le cinéma de ses abdos saillants dans Thelma et Louise il y a trois décennies, renvoie une image hétéronormative rassurante, arbore un physique inchangé et joue avec les codes. Une provocation en règle qui montre que genre de la jupe reste un débat – tout comme l’âge ou la sexualité de celui ou de celle qui la porte.
Le revival de l’Indie Sleaze au Palais de Tokyo par Hedi Slimane pour Celine
Cheveux bleus, veste cintrée, boots de rocker : il y avait comme un air de fin de soirée lors du show Celine clôturant la Fashion Week Homme de juin. Pour son premier show physique depuis la pandémie, Hedi Slimane a révisé son propre vocabulaire rock, développé depuis deux décennies à travers ses travaux photographiques et ses collections chez Dior Homme.
L’opération nourrit et conforte la vague Indie Sleaze, une relecture nostalgique du rock des années 1970 qui a envahi Internet durant les années 2010. Pensez à Kate Moss et Pete Doherty dans la boue de Glastonbury. Le chaos maîtrisé avec des coupes impeccables refait surface et semble annoncer une nouvelle ère dans le Y2K.
Le vestiaire tout en verdure de Jonathan Anderson pour Loewe
Vingt jours : c’est le temps nécessaire pour que l’herbe recouvrant les trenchs et les baskets du show Loewe Été 2023 atteigne une hauteur optimale. Réalisée en collaboration avec la bio designer Paula Ulargui Escalona, la collection dévoilée en juin entend reconnecter l’humain à la nature par le biais du vêtement.
Si la collection est paradoxalement instagrammable, le cérébral Jonathan Anderson invite à réfléchir sur le rapport de l’humain à la technologie, et à penser le temps naturel, à rebours du temps rapide de la mode et des médias sociaux : “L’idée est qu’au fil du temps, les pièces se confondent avec la nature”, précisait le communiqué de presse.
La mode face à la guerre en Ukraine
Comment parler de mode en pleine guerre ? C’est la question qui a frappé l’ensemble de l’industrie en février 2022. Alors que la Fashion Week parisienne s’ouvrait, la Russie avait déjà envahi l’Ukraine. Que faire : arrêter les défilés, stopper la frivolité ? Parmi les premières réactions, le duo Botter a inscrit en perle blanche le message “No War” sur le dos d’une veste, Christelle Kocher a salué avec une broche jaune et bleue et la marque hongroise Nanushka a clôturé son show au son de l’hymne ukrainien. Allant un peu plus loin, les CEO de Nanushka ont annoncé ne plus conclure d’accord avec les partenaire grossistes russes. À mesure que la guerre avançait, la mode devait prendre position. Le 4 mars, le luxe a pris position en se retirant du marché russe. Hermès a ouvert le bal, suivi de Chanel, LVMH, Kering et Richemont.
Le rose de Pierpaolo Piccioli pour Valentino
Un défilé entièrement rose : voici ce que propose le directeur artistique italien pour sa collection Hiver 2023. Un monde onirique qui ne tarde pas à alimenter la tendance Barbiecore sur les réseaux. Célébrant une hyperféminité parodique, la tendance rose des robes et des plateformes à hauts talons montre que la féminité circule.
Au-delà des genres et des origines, le rose s’impose durant l’été 2022, si bien que la marque de luxe Valentino, connue pour son rouge, officialise son fuchsia sous le nom de “Pink PP” en octobre grâce à un partenariat avec le spécialiste des couleurs et des tendances Pantone.
Rihanna révolutionne le vêtement de maternité
Cou entouré de diamants, robe en fine dentelle laissant apparaître un string mais aussi un ventre rond : à l’entrée du défilé Dior, Rihanna associe sa grossesse à l’exercice mode sans contraintes. Dans un festival de crop tops, dans un ensemble en fausse fourrure Balenciaga ou en microjupe Miu Miu surmontée de strass, la star expose ses courbes au lieu de les masquer sous d’amples vêtements.
Elle porte ainsi une vision canonique de la maternité articulée en jouant avec la chasteté et n’hésite pas à dévoiler son corps changeant au fil des semaines. “J’espère que nous avons pu redéfinir ce qui est considéré comme ‘décent’ pour les femmes enceintes”, a-t-elle déclaré. Pari réussi.
Le style Y2K du personnage de Maddy dans Euphoria
Discutée tout autant pour sa violence que pour son maquillage pailleté et ses looks Y2K, la fable adolescente à l’esthétique léchée signée Sam Levinson s’est inscrite au cœur des tendances mode, avec des comptes dédiés à la question sur Instagram et TikTok. Lancée en janvier 2022, la saison 2 a rassemblé en moyenne 16 millions de vues par épisode.
Selon la costumière Heidi Bivens, la garde-robe est le prolongement de chaque personnage. Loin de chercher le réalisme des tenues adolescentes, cette dernière assume une proposition onirique. Liner noir surmonté de strass, faux ongles ultra-longs et robe moulante à découpes, crop top Versace et gilet vintage à col faux fourrure Blumarine : les looks de Maddy, interprétée par Alexa Demie, sont parmi les plus commentés et recherchés – +275 % pour les robes glamour Y2K sur la plateforme d’e-commerce Vestiaire Collective en janvier. Preuve que les séries restent un vecteur central de tendance.
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