Entre effet de style et rébellion, le heavy metal est de retour comme source d’inspiration pour une génération d’artistes, de modèles et de musiciens.
« Tant que les jeunes sont énervés et n’ont pas les moyens d’évacuer (leur colère), le heavy metal continuera d’exister », déclara un jour Ozzy Osbourne (Black Sabbath). Aujourd’hui, le heavy metal, qui a émergé à la fin des années 1960 et qui a connu de nombreuses incarnations au fil de décennies, inspire une génération de millennials avec son esthétique ténébreuse aux notes souvent surréalistes et gothiques. Une marque de rébellion face à l’esthétique lissée des réseaux sociaux et à la crise généralisée ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
>> A lire aussi : Les 9 tendances Instagram à retenir du confinement
On pense notamment à l’artiste britannique Jazmin Bean, sélectionnée dans le Top 100 de l’année du magazine Dazed & Confused. Musicienne et vidéaste, elle devient sa propre muse en arborant un look de Lolita des ténèbres sur les réseaux sociaux. Sur un maquillage de poupée se dessinent des cicatrices qui lui traversent les joues, les yeux et lui cousent la bouche.
Elle s’inscrit dans la vague dite kawaii metal, un mix entre heavy metal – évoquant dans son cas les figures monstrueuses des pochettes d’Iron Maiden – et esthétique « mignonne » à la Hello Kitty. Pour elle, son look a autant à voir que sa musique avec les lourdes guitares électriques : elle dit créer une forme d’expression qui « parle fort (…) et qui repousse les frontières de la beauté et des standards sociaux ».
Dans la même veine, la maquilleuse et performeuse Madrona Redhawk, âgée de 18 ans et basée à Las Vegas, croise les références entre ses origines amérindiennes aux ornements tribaux et les références au groupe Kiss. Ses peintures faciales exagérées évoquent les bases de la culture heavy metal « pour qui le maquillage accentué est essentiel à l’expression générale », écrit Deena Weinstein dans Heavy Metal : the Music and Its Culture.
La chanteuse Grimes, elle, accumule les références à Marilyn Manson, qui descend du heavy metal, autant que de la vague plus tardive des années 1990 avec Korn : imagerie dystopique, lentilles blanches, maquillage blafard et yeux cernés de noir, elle imagine son propre remix avec la pop.
La tendance a d’abord vu le jour avec les faux T-shirts de metal par la marque Vetements, qui s’est inspirée de ses logos déformés et maculés de sang à la Slayer, ce qui a contribué à remettre l’esthétique à la mode. Kanye West a suivi la tendance et créé pour son propre merchandising des répliques de T-shirts Metallica. Puis ce sera au tour de Justin Bieber de s’inspirer de Fear of God et de performer dans des T-shirts « Bigger than Satan ».
Comme Dick Hebdige l’analyse dans Subculture : the Meaning of Style, ce style sombre est à la fois le reflet de la colère d’une jeunesse et son échappatoire, « une façon d’éviter la vie réelle » tout en articulant une forme de catharsis musicale et esthétique. « Le sens d’une sous-culture est toujours disputé, et le style est l’arène dans laquelle les définitions opposées s’affrontent dans sa force la plus dramatique », ajoute-t-il.
Ainsi, cette tendance peut sembler ambiguë, à la fois vidée de sa colère brute initiale et réduite à un geste stylistique, mais réactualisée en même temps pour l’ère visuelle dans laquelle nous vivons.
{"type":"Banniere-Basse"}