Rencontre avec la fondatrice de la marque de mode Miista qui a lancé sa propre usine de production en Galice espagnole.
Par un dimanche ensoleillé, une file de curieux·euses se rassemble devant une boutique dans le Marais. Derrière les vitres, deux hommes s’attellent à la fabrication d’une paire de chaussures. Salva et Alex, père et fils, sont nés et résident en Galice dans le Nord-Est de l’Espagne, et travaillent dans l’usine de production de la marque de mode Miista. Leur objectif ? Défendre l’artisanat et la notion d’héritage. Si Miista est bien connue des influenceuses, avec ses paires de bottes à bout carré portés par Bella Hadid ou encore Kendall Jenner, la fondatrice de la marque, Laura Villasenin, compte utiliser cette attention médiatique pour réfléchir à une mode plus éthique, et accessible. Rencontre.
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Vous avez ouvert votre usine de production en Espagne et lancé votre ligne de prêt-à-porter en pleine pandémie. Une période propice à repenser la dépendance de l’Europe aux importations et le manque d’infrastructures dans l’industrie de la mode. Pouvez-vous nous raconter cette expérience ?
Laura Villasenin – Quand j’ai imaginé Miista il y a 11 ans, j’avais pour ambition de proposer tout un vestiaire. Je ne souhaitais pas m’arrêter à la chaussure ! La question était de savoir comment grandir et quand lancer la gamme de prêt-à-porter avec une logistique maîtrisée de A à Z. Le projet s’est préparé sur deux ans, et la pandémie nous a offert du temps. Finalement, c’était l’idéal. Nous nous sommes installés en Galice, ma région natale, avec 20 personnes. Le lancement d’une usine peut paraître un pari incroyable, pourtant cela s’est imposé à moi au fil du temps. Il me semble essentiel aujourd’hui de savoir parfaitement d’où viennent les produits et de connaître les conditions de production. C’est indispensable.
Comment se déroule le travail sur place ?
C’est une petite usine qui se développe lentement, de manière organique. Je constate que l’univers de l’artisanat dans le domaine de la chaussure et encore majoritairement composé d’hommes. Je découvre que construire une équipe d’artisans expérimentés est quelque chose de difficile : peu de personnes disposent encore des savoir-faire et il faut dire que de manière générale les métiers manuels sont dévalorisés. De nombreux jeunes en Galice ont quitté la région. Aujourd’hui, le message que je souhaite faire passer à travers ma marque, c’est que l’artisanat peut être quelque chose de sexy et attrayant. Construire, fabriquer : c’est sexy. Et l’enjeu global pour la mode en Espagne, en France, ou en Italie, est de rendre l’artisanat attrayant à nouveau et de reconstruire les régions désertées.
Comment articuler une mode accessible et écologique ?
J’ai choisi un modèle où je diminue les marges. De façon traditionnelle, les marques en font beaucoup pour grandir de façon exponentielle pendant les deux premières années. Je défends l’idée d’un artisanat plus accessible. Je me bats dans ce sens, même si je sais que nos prix ne sont pas complètement démocratiques, c’est un début. J’espère que l’histoire de notre marque encouragera plus de personnes à croire en un luxe accessible !
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