Surnommé le parrain du streetwear, Hiroshi Fujiwara est un trait d’union entre la mode, la musique et la food. Nous l’avons rencontré à l’occasion du lancement de la collaboration entre son label FRGMT et la maison italienne Moncler.
Véritable pionnier du streetwear et inspirateur de Nigo, le directeur artistique de Kenzo, Hiroshi Fujiwara se distingue par une approche large du style qui articule musique et vêtements du quotidien. Pour sa nouvelle collection avec la maison italienne Moncler, il hybride les codes de différentes cultures juvéniles dont les pièces sont devenues intemporelles.
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Lui-même a bien connu ces styles : en 1983, à tout juste 20 ans, il quitte son Japon natal direction Londres, vivant au rythme des secousses punks. Il découvre un monde underground, au vestiaire sans limites, métaphore de la révolte, et côtoie Boy Georges ou encore le styliste Stephen Jones.
Il met ensuite le cap sur New York, et se prend de passion pour le hip-hop et sa culture du collage, qu’il ramène dans ses bagages. Il lance ainsi au Japon le groupe hip-hop Tiny Panx au début des années 1990, tout en travaillant avec les plus grands noms du streetwear – par exemple avec Jun Takahashi, fondateur d’Undercover. Rencontre avec un polymathe qui a ouvert la voie à toute une génération de designers, tout en redéfinissant le sens de la mode.
Pour présenter celle collection avec Moncler, vous avez choisi de mettre en scène le robot LOVOT dédié à l’amour. Quelle est selon vous la place de l’amour dans nos sociétés hyperconnectées ?
Hiroshi Fujiwara – En réfléchissant à ce projet, j’ai réalisé que le mot “amour” revêtait de nombreuses formes. Il y a différentes sortes d’amour : à Londres, pour l’installation The Art of Genius de Moncler, j’ai présenté l’une d’elles, d’une manière tout à fait unique, à travers ce petit robot appelé Lovot.
Le monde de la mode vous présente comme le pilier du streestyle. Quelle est l’évolution de ce mouvement ?
Je pense que l’ère du phénomène street est déjà révolue. Le street a été incorporé par l’industrie de la mode, et est devenu un élément de base comme un autre de cette même industrie.
Quelles sont les scènes de mode qui éveillent votre curiosité aujourd’hui ?
Pour être honnête, je ne connais pas grand-chose aux scènes de la mode, mais je suis curieux de beaucoup de choses, de tout ce qui attire mon attention.
Vous avez été très inspiré par le courant punk, ce qui vous a amené à vous rendre à Londres au début des années 1980. Comment s’est déroulé ce voyage et comment a-t-il changé votre perception du style ?
J’ai été influencé par ce que j’ai vu à Londres. C’est difficile à décrire, mais j’y ai vu la beauté de l’indépendance, de la force de se tenir debout. Depuis ce séjour dans la capitale britannique, j’ai toujours voulu être indépendant, même aujourd’hui.
Pensez-vous qu’il existe encore une contre-culture, comme le punk dans les années 1970 ?
Je ne pense pas.
Concernant les pièces de cette collection, on retrouve un Teddy à écussons rappelant les uniformes des universités américaines. Pouvez-vous nous en parler ?
Certaines pièces que j’ai créées pour cette collection sont des éternels basiques, comme la veste universitaire. C’est une pièce intemporelle.
On constate aujourd’hui que les doudounes Moncler sont de véritables objets de mode et que les vêtements usuels sont au cœur des tendances. Depuis quand observez-vous l’intégration des vêtements techniques dans la mode ?
J’ai toujours pensé que la doudoune était un objet de mode. Peut-être que c’est une mode depuis le tout début et que de plus en plus de gens la considèrent comme telle aujourd’hui…
Dans les années 1990, vous avez été un trait d’union entre Manhattan, Tokyo et Londres. Comment ces différentes villes ont-elles façonné votre vision du style ?
À l’époque, elles avaient des identités et des influences marquées et différentes. J’ai donc extrait les essences de chacune d’elles, et les ai mélangées. Aujourd’hui, le monde est beaucoup plus global et de nombreuses villes ont des points de vue similaires.
La musique est un élément important de votre carrière, qu’il s’agisse de hip-hop ou de la conception d’une guitare pour Clapton. Qu’est-ce qui vous inspire aujourd’hui ? Qu’écoutez-vous ? L’éclectisme est-il encore important ?
J’ai toujours prêté attention aux productions anciennes et nouvelles — qu’il s’agisse de musique, de mode ou autres. J’échantillonne les éléments de différentes époques, à la manière de ce qu’on fait dans le hip-hop. Mes goûts en matière de musique et de mode changent, mais j’écoute toujours toutes sortes de musiques. J’aime écouter des chansons au hasard des playlists. L’éclectisme est important, absolument !
Pensez-vous que pour chez les jeunes générations, musique et style soient toujours liés ?
Je ne pense pas, c’est plus séparé. Rien à voir avec l’époque où tout cela était lié.
Les collaborations se multiplient aujourd’hui, donnant un nouveau sens à la mode. Qu’est-ce qui est important pour vous chez Moncler ?
Dans tout ce que je fais et conçois, j’essaie de mettre en valeur la beauté et la force. L’idée avec Moncler est d’honorer ce qu’ils ont fait dans le passé et de le réinterpréter à ma façon.
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