La joaillière parisienne vient de dévoiler sa nouvelle campagne et questionne l’artisanat à l’aune de la métamodernité, vers une pratique faite de fééries connectées.
Une blonde hitchcockienne entre dans une boutique, se pare de jaillissements de métal sous toutes ses formes, provenant d’un imaginaire organique et post-industriel : bienvenue dans la nouvelle campagne de la créatrice de bijoux Colombe d’Humières, photographiée par Boris Camaca, stylée par Juan Corrales et incarnée par la mannequin et curatrice Jane King.
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Diplômée de Central Saint Martins, Colombe d’Humières a collaboré avec Yeezy, Études et la musicienne Arca, et se concentre aujourd’hui sur la remise à jour de pratiques artisanales, sculpturales et d’orfèvrerie. Le tout dans un univers qu’elle décrit comme quelque part entre “Final Fantasy et Narnia”, mais aussi peuplé de fées connectées. Discussion autour des images et surtout de son imaginaire.
Que raconte cette campagne, dans quels rêve et imaginaire baignent les images ?
Colombe d’Humières – Cette campagne est une ode à ma clientèle. J’ai imaginé une cliente qui entre dans le magasin. Frénétique, elle ne sait plus où donner de la tête. Sa passion pour les bijoux la pousse à s’en parer de la tête aux pieds, quitte à se noyer sous le poids de leur préciosité et à sembler se fondre elle-même en argent.
La mannequin Jane King y apparaît blonde et vêtue de rose, est-ce une célébration de la bimbo ?
C’est une référence à la bimbo, oui. Elle représente à mes yeux une femme assumée, sans concession, qui sort déterminée de sa voiture lustrée, contrairement au stéréotype. C’est une femme forte, qui ne dilue rien de son look ; ma cliente préférée mais surtout une héroïne, comme sortie de Final Fantasy, mais sans son arme.
Quelle évolution est notable dans votre travail actuel ?
Si le travail du métal est traditionnel, nous faisons tout à la main. L’esthétique générale est piquante, les couleurs sont acidulées, l’argent pétille. Les bijoux se portent en bandoulière, en choker, en ceinture, surtout maxi-superposés, autant de pièces et de manière de porter différentes que de client·e·s.
Comment décririez-vous votre style et imaginaire actuel ?
J’aimerais inventer un nouveau terme, le “fairypunk”. Imaginez des fées dans une forêt, des gremlins connectés des temps modernes. Ils avalent des substances actives naturelles, qui leur permettent de réinventer tout un vocabulaire de formes esthétiques, comme on a pu le faire avec l’Art Nouveau.
Le “fairypunk” évoque surtout une relecture de “l’organique”. C’est une observation de la nature extirpée de son écosystème pour la plonger violemment dans notre univers fait de réseaux, de références et de rafistolage. C’est ce contraste et ce système de construction qui me permettent de composer la plupart de mes pièces.
Le côté punk du terme parle surtout d’un état d’esprit et de la manière dont je visualise la diffusion de mes bijoux. Je crée aujourd’hui pour plein de petites tribus ou communautés de créatures qui vivent dans des villes d’Europe, et pour les cousins des membres de ces tribus qui veulent également des ornements, qui ne veulent pas obéir aux grands messages globaux. Je veux en tout cas continuer à émettre des petits signaux sonores et des vibrations.
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