Comment Pedro Pascal est devenu un “Hot Daddy”

Jean poussiéreux, chemise kaki et chaussures maintenus par des morceaux de sparadraps : c’est sous cet uniforme usé que plusieurs dizaines de millions de spectateur·trices ont découvert Pedro Pascal. Dans le thriller post-apocalyptique The Last of Us, il incarne Joel, un mercenaire taiseux dont la mission est de protéger une ado bavarde dans un road-trip de tous les dangers.

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Sur le tapis rouge, l’acteur se détache du vestiaire fonctionnel de survivaliste aux tonalités sombres pour des tenues colorées signées par des couturiers pointus : blouse mauve semi-transparente Maison Valentino, chemisette vintage Prada ou bombers rose Barbie Alexander McQueen . Devant les objectifs des photographes, Pedro Pascal se joue du masculin/féminin. Les looks de l’acteur sont désormais répertoriés sur des comptes Instagram comme @styleofpascal, tandis que l’hashtag #PedroPascalStyle rassemble des millions de vues sur TikTok. En moins de trois mois, l’acteur de 47 ans est devenu une icône mode mais aussi un Zaddy voire un DILF (le pendant masculin de la MILF, le Dad I’d Like to Fuck).

Gravure de mode

Début mars, le Vogue anglais le couronnait du titre de “Knitwear Influenceur” (devant Katie Holmes) applaudissant sa collection de gilets, long et gris pailleté ou couleur chocolat signé Acne Studios. Quelques semaines auparavant, il faisait la couverture du magazine de mode américain Flaunt. Les photos de l’article le montre vêtu d’une cape Saint Laurent par Anthony Vaccarello, dans un jumpsuit Loewe ou encore dans un veste Loro Piana. Une métamorphose mode qui s’appuie sur la complicité de deux stylistes : Fabio Immediato et Julie Ragolia que l’on a croisée au dernier show de la griffe italienne Zegna. C’est également elle qui se cache derrière les looks néo-dandy en pull duveteux rose de Jake Gyllenhaal.

La formule ? Conserver des codes masculins traditionnels – tel que le costume trois pièces – et les twister sans les dissimuler. Pas de chemise de Golden Boy, mais des blouses ou des pulls col roulé façon Andy Warhol, pas de jean ou de polo sportwear, mais des ensembles imprimés ou des coloris rétro et enfantins à l’instar de l’ensemble Gucci qu’il porte à la première de The Mandalorian à L.A : une chemise jaune poussin surmontée d’un pull moutarde noué aux épaules, le tout articulé à un large pantalon marron glacé. Il n’en fallait pas plus pour qu’Internet le qualifie de “Hot professor”.

Neo Daddy

Éternelle moustache à la Tom Selleck, épaisses lunettes noires d’universitaire et épaules carrée… Le code vestimentaire de Pedro Pascal est à la fois rétro, intello et viril. Son style ne déconstruit pas la masculinité, il ne porte pas de jupe comme Brad Pitt a pu le faire pendant la promotion de Bullet Train l’été dernier, ou de dos nu comme Timothée Chalamet à la Mostra de Venise, pourtant il introduit du trouble et des variantes qui ont le mérite de ne pas poser la masculinité comme l’opposé du féminin.

Dans The Last of Us, comme dans The Mandalorian, les rôles de Pedro Pascal questionnent les figures paternelles, en articulant violence et fragilités. Ses looks accompagnent interrogent les figures masculines tutélaires dans la société post #MeToo. Sans être androgyne, l’acteur cis et hétéro le plus bankable du moment, fait de sa popularité auprès d’un large public le canal de diffusion d’une masculinité plus nuancée où la mode est centrale. En refusant les canons passéistes de la virilité, il introduit du trouble dans le masculin, et gagne assurément son titre de néo-daddy.