Pendant la semaine de la mode parisienne qui s’est tenue du 27 février au 7 mars 2023, une nouvelle garde de jeunes femmes imagine des collections artisanales, mêlant esthétiques et futuristes, couture et underground.
Le vestiaire seconde peau de Rui
Connue pour ses justaucorps filamenteux, portés par Dua Lipa ou Billie Eilish, la créatrice chinoise Rui Zhou imagine des vêtements qui dévoilent et déforment le corps féminin à la manière de Rei Kawakubo dans sa collection Body Meets Dress, Dress Meets Body de 1997, mais avec une esthétique radicalement différente.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Entre rose dragée enfantin et coloris mousse des bois, la finaliste du prix LVMH de 2021 brosse un vestiaire à coups de robes filets seconde peau forgées en maille opaline, contrastant avec d’épaisses pièces hivernales comme des manteaux blancs douillets, cagoules et guêtres touffues. Des prothèses vestimentaires se glissent sous des robes en velours tandis que des boléros bouffants en matière doudoune boursouflent les épaules aux lignes cartoonesques.
L’artisanat baroque de Louise Lyngh Bjerregaard
Passée par l’Académie scandinave de design et le Central Saint Martins, la créatrice scandinave connue pour son tricot a installé son atelier à Paris en 2022. Là, elle peaufine son tailoring, upcycle et imagine un vestiaire baroque, mêlant références underground et couture. Pendant la semaine de la mode, elle présentait sa collection artisanale de “prêt-à-porter” dans l’écrin de la mode d’avant-garde, le 35/37.
Plongés dans la pénombre – empêchant la prise de photographies pour le public accro à Instagram, les mannequins coiffés de bonnets à oreilles de chat, rappelant les pussy hats des cortèges féministes américains de 2017, posent tels des modèles couture dans un salon bourgeois délabré nourrissant une esthétique de squat. Une robe à corset découpée, des vestes recouvertes de tulle, un pantacourt renaissance et des bottines années trente : les pièces articulent grandeur et chaos. Patchwork de matières hétéroclites rappelant le DIY punk, écharpe à rayures grunge portée comme un foulard haute couture et tartan à la Westwood ou McQueen deviennent la signature d’avant-garde de Louise Lyngh Bjerregaard.
Rave rétro-futuriste chez Paolina Russo
Accompagnée de Lucile Guimard, Paolina Russo imagine un vestiaire hyper coloré aux imprimés hétéroclites mêlant vêtements techniques futuristes et tricots d’hiver imprimés de losanges rétro. Entre passé et futur, références pop et avant-garde, le duo finaliste des prix LVMH 2023 et Woolmark 2023 se démarque par ses laines en trompe-l’œil, dont les motifs semblent s’agiter alors qu’ils s’étirent sur le corps.
Illusions d’optique codéinées dignes d’une rave, les pièces sont faites selon un processus artisanal minutieux – avec fils teints à la main en Écosse, filés à Leeds et assemblés en vêtement à Londres où le duo est installé. Pendant la semaine parisienne de la mode, Paolina Russo et Lucile Guimard ont présenté leur collection dans la boutique de la créatrice de bijoux Colombe d’Humières, liant également technique artisanale et esthétique d’avant-garde, dessinant une nouvelle garde de créatrices.
Sugar Jeanne d’Arc avec Florentina Leitner
Esthétique femme-enfant et message féministe : la collection de Florentina Leitner propose une relecture de la figure historique Jeanne d’Arc. Devenue icône queer à l’aune du nouveau millénaire, elle apparaît ici dans des robes métalliques mais également des justaucorps vert menthe ou une jupe mauve ornée d’un motif fleuri, l’emblème de la marque fondé en 2022.
Passée par l’académie d’Anvers, la créatrice de 25 ans détourne le vestiaire naïf et enfantin pour raconter les causes féministes contemporaines. Un traduction vestimentaire du féminisme pop, présenté pour la première fois cette saison à Paris dans le showroom Sphère de la Fédération française de la mode.
De Kim Gordon aux salons couture chez Dream Baby
Derrière ce nom sucré se cache la créatrice Kenia Filippini basée à Guadalajara. Inspirée par les images de Kim Gordon grattant sa basse en minirobe de dentelle fleurie, la créatrice titille la figure de la femme enfant trash composée par les leadeuses post-punk des années 1990. Robe en satin rose à nœud démesuré, manteau doudou à poil duveteux porté avec des ballerines et des gants de satin : Filippini embrasse l’univers couture pour mieux l’actualiser dans des pièces portables qu’elle développe avec l’aide du multimarque Dover Street Market de Rei Kawakubo et Adrian Joffe.
{"type":"Banniere-Basse"}