Pour 2024, ces nouvelles créatrices donnent l’espoir de voir éclore une créations plus éthique et inclusive.
Actualisation de l’artisanat, innovation et exploration de féminités plurielles caractérisent ces cinq maisons basées à Paris, et menées par des jeunes femmes. Chacune à sa manière repense à la fois les codes visuels et les pratiques de production dans la mode.
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Ces cinq créatrices, venues de différents continents, questionnent le corps et imaginent des solutions pour confectionner des pièces durables.
La complexité liée à la pluralité des origines ethniques, ou à la diversité des corps féminins, trouve ici des propositions aux esthétiques variées. Entre mode grunge pouvant rappeler les collections de Vivienne Westwood du début des années 1990 chez Valériane Venance, et néo-minimalisme déconstruit, dont la rigueur évoque Pheobe Philo, chez Torishéju Dumi, ces cinq créatrices prouvent que Paris reste une place forte, foyer de poches d’innovation plurielles.
Corps féminins, sexualité et liberté : Indépendantes de cœur
Pièces en cuir rigide déconstruites contrebalancées par des robes transparentes portées par des mannequins au regard cerné de faux cils noirs, pliant sous le mascara : les silhouettes imaginées par Valériane Venance explorent les codes de la féminité et les exposent en les hybridant à une sémiotique entre grunge et goth. L’objectif ? Raconter la rage féminine contemporaine à travers un label baptisé Indépendantes de cœur en référence au surnom de Valtesse de la Bigne, courtisane du XIXe siècle.
En septembre dernier, la jeune créatrice parisienne passée par l’Atelier Chardon-Savard dévoilait sa première collection au 35/37 à Paris. Des robes-cages, mais aussi des nuisettes opalines surmontées d’immenses colliers argentés semblables à des néo-armures racontent la tension entre sexualisation et liberté du corps. Portées par un casting inclusif, la collection est composée de textiles anciens recyclés, et bientôt distribuée par le prestigieux Dover Street Market.
Hybridations vestimentaires et visibilité des femmes noires chez Torishéju Dumi
Vêtue d’un large costume noir dont la chemise dévoile le ventre : la légendaire top Naomi Campbell ouvrait le premier show parisien de Torishéju Dumi en septembre dernier, marquant l’entrée de cette dernière dans le cercle fermé des jeunes créateur·ices de la capitale de la mode. Originaire du Brésil et du Nigéria, sa première collection, intitulée Fire on Montain, hybride les codes folkloriques nigériens et brésiliens pour composer un vestiaire minimaliste au volume finement calculé, engloutissant savamment les corps.
Passée par le Central Saint Martins et ayant travaillé entre autres pour Celine époque Phoebe Philo, la jeune créatrice dessine des représentations inclusives de la femme, et était la seule créatrice noire à la tête sa propre maison présente à Paris la saison dernière. “J’ai envie d’apporter une nouvelle voix pour les femmes noire dans la mode” déclarait-elle au média spécialisé WWD.
Fusion entre haute couture et high-tech chez Clara Daguin
Jusqu’au 30 janvier, Clara Daguin présente Astre, à Saint-Eustache à Paris, une œuvre questionnant les représentations de la nativité et l’actualisation des symboles d’espoir de la culture occidentale. Travaillant simultanément les nouvelles technologies et l’artisanat, Clara Daguin s’est fait une place sur la scène parisienne, depuis 2017, à travers des collections haute couture questionnant les possibilités d’usage des nouvelles technologies.
Elle a notamment imaginé des œuvres en collaboration avec Google ATAP (Advanced Technology and Projects) prenant la forme d’une ligne de vêtements connectés (2021), ou encore Baccarat (2023) avec une robe composée de 400 pampilles de cristal de la grande maison. À l’heure ou les créations entre artisanat et technologies d’Iris Van Herpen s’exposent au MAD, il est intéressant de voir comment le travail de Daguin entre en discussion avec celui d’Herpen, dessinant une nouvelle idée de la haute couture.
Craft core et nouveaux corps chez Paula Canovas del Vas
Ses néo-ballerines et bottines Diablo dotées de cornes, se sont imposées dans le paysage des hits dessinés par les nouvelles avant-gardes : Paula Canovas del Vas est une jeune créatrice espagnole, basée à Paris et passée par les bancs de la prestigieuse Central Saint Martins à Londres. Récompensée du prix Vogue Spain 2022 et semi-finaliste du prix LVMH 2022, son vestiaire coloré aux volumes surréalistes donne la part belle aux explorations textiles et à l’artisanat.
En septembre dernier, elle présentait, à Paris, une collection haute en couleur, hybridant mohair, Denim et latex brillant dans le cadre d’une performance. Vêtues de bodies rouges telle une seconde peau, les modèles s’habillaient, et se déshabillaient les unes les autres, jouant avec les superpositions et les volumes, se formant de nouveaux corps, enveloppés de tissus. Une exploration du rapport entre le vêtement et le corps, le tissu textile et le tissu humain, qui questionne les us de construction vestimentaire occidentale où le corps féminin doit s’adapter au vêtement – et non l’inverse.
Dialogue artisanal entre Paris et Beyrouth avec Renaissance Renaissance par Cynthia Merhej
Des jupes boules surmontées de tulle, des robes dorées et des nœuds : les lignes néo-babydoll du label Renaissance Renaissance, fondé en 2016 à Beyrouth par Cynthia Merhej, se sont imposées lors de la dernière semaine de la mode. La créatrice expliquait alors sur Instagram l’importance de l’artisanat libanais dans son voyage créatif, lui ayant permis de trouver le courage de finaliser cette collection après diverses épreuves.
En 2020, suite à l’explosion du port de Beyrouth, Merhej s’installait à Paris, mais un atelier demeure dans son pays natal. Elle est inspirée par le savoir-faire de sa mère et sa grand-mère qui dirigeaient leurs propres ateliers, respectivement situés à Beyrouth et à Jaffa. Passée par la Central Saint Martins et semi-finaliste du prix LVMH 2021, Merhej tend à faire rayonner l’artisanat libanais dans des collections concises, dépassant rarement plus de 20 looks, à l’heure ou les grandes maisons en présentent cinq fois plus.
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