“I’ll Never Be Alone Anymore” retrace l’histoire de la communauté installée sur l’île Lesbos dans les années 1970. Un podcast en forme de chant d’amour et de liberté.
“Les gens ici sont assez isolés. Soudain 700 meufs débarquent, avec des opinions, des tatouages, parfois nues sur la plage. Et elles répondent aux hommes.” Ici, c’est à Skala Eressos, un village et une plage sur l’île de Lesbos, dans les Cyclades. C’est là que la poétesse Sappho écrivit ses émois à l’égard des femmes, bien avant Jésus-Christ, donnant ainsi les termes “saphique” et “lesbienne”. Si les poèmes n’existent plus qu’à l’état de fragments, la communauté lesbienne, elle, demeure implantée à Lesbos depuis les années 1970.
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I’ll Never Be Alone Anymore, le documentaire audio créé et écrit par Anaïs Carayon, fondatrice de Brain, Anaïs Dupuis et Cécile Simon, donne la parole à ces femmes qui vivent toujours à Lesbos. Une histoire chorale en forme de chant d’amour et de liberté, en anglais only (mais facilement compréhensible sans être bilingue), sélectionné au Tribeca Film Festival (qui a donc décidé de s’intéresser aux narrations audio). À la réalisation : Fanny Martin, depuis auréolée d’un César du son pour Adolescentes de Lifshitz ; et la percussionniste Lucie Antunes à la musique – enlevée, jouissive, caressée de shouff-shouff marins, dans le lointain.
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Les femmes de Lesbos déroulent leurs témoignages. “Je vivais aux USA et on voyageait en Europe avec des amies, raconte l’une. On se prenait beaucoup d’homophobie. On a entendu parler de Lesbos, comme d’une rumeur qui circulait. On a rencontré des Anglaises lesbiennes qui y allaient et nous ont emmenées. C’était la mer, le soleil, le sexe, la bouffe et les femmes ! Si génial.” “Le flirt est constamment autour de moi, sans besoin d’essayer…”, abonde une autre.
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Plus loin, elles évoquent le bonheur de se débarrasser des uniformes du vestiaire féminin, la joie de ne plus se cacher, d’évoluer dans un environnement où les lesbiennes sont “enfin majoritaires”, sans besoin de jouer la carte de l’hétérosexualité au travail de peur de se faire virer. Malheureusement, les jeunes lesbiennes n’accourent plus à Lesbos.
“La société est plus ouverte aujourd’hui, il y a d’autres endroits où aller”, constate des interviewées, tandis qu’une autre déplore que la plage d’Eressos devienne “un club de vieilles lesbiennes”. Peut-être d’autres paradis se créeront-ils ailleurs ? Espérons de nouveaux épisodes pour le découvrir.
I’ll Never Be Alone Anymore de Anaïs Carayon, Anaïs Dupuis et Cécile Simon, sur Apple Podcasts
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