Rassembleur, homérique, indomptable, le premier album de Zulu Winter agite l’Angleterre. Indie-pop, tendance indépendante d’esprit : critique et écoute.
La rencontre se tient à quelques encablures du bâtiment où, dans les années 1980, Carbone 14, “la radio qui vous encule par les oreilles”, faisait écho aux formations revendiquées comme indépendantes : Joy Division, New Order, The Smiths. L’époque où tous les yeux, tous les tympans étaient rivés sur Manchester, Londres jouant en seconde division.
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Dans un sursaut d’orgueil affranchi de toutes règles, les années 2000 ont réveillé les âmes géniales et tumultueuses de la capitale. Un souffle dont a bénéficié Zulu Winter, quintet londonien chic et sobre préférant le tea time au free time. “Quand tu es dans un groupe, la chose la plus excitante, c’est de faire de la musique. Pas de se retrouver dans des soirées orgiaques ou de prendre des drogues, développe calmement le chanteur, Will Daunt, lecteur assidu de poésie, de Baudelaire à Walt Whitman. Pour moi, le terme indie ne fait plus référence à un style musical mais plutôt à une manière de concevoir son travail.”
Attentif, Henry Walton, guitariste du groupe, pose un silence puis déroule. “Adolescent, tu as besoin d’extérioriser tout un tas de frustrations. La musique est un bon moyen pour ça. Elle est une échappatoire, une manière de se forger sa propre identité, d’apprendre qui tu es vraiment.” Se chercher, se trouver puis s’affirmer : trois étapes, trois escales, trois urgences qui placent le premier cri de Zulu Winter comme point d’ancrage d’une génération mal comprise. Du sauvage et prophétique Key to My Heart au poétique et solennel People That You Must Remember, ce recueil est une perle noire gorgée de rimes shakespeariennes.
Brûlot brûlant teinté d’absinthe et de cherry, Language se veut universel. En témoigne le refrain torrentiel de We Should Be Swimming, dont les particules new-wave embrassent une pop atomique. Produit par Tom Morris, l’album a bénéficié des services de Claudius Mittendorfer, célèbre pour avoir mixé les disques d’Interpol, de Muse et de Kaiser Chiefs. “Avec Claudius, nous avons tout fait par Skype. Il était à New York et nous à Londres”, note Henry, comme pour rappeler que, en 2012, l’histoire s’écrit encore, main dans la main, des deux côtés de l’Atlantique.
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