Ancien membre éminent de Deus puis fondateur de Zita Swoon, devenu
Zita Swoon Group, le nomade Stef Kamil Carlens a établi le dialogue
avec des musiciens du Burkina. En toute candeur et douceur.
Zita Swoon, l’inclassable groupe du Belge Stef Kamil Carlens (ancien de Deus), a enregistré Wait for Me, son nouvel album, avec un balafoniste et une chanteuse burkinabés. Mais aux premières notes de l’album, c’est un dobro qu’on entend. Dans cette guitare en métal résonne et brille, façon lampe d’Aladin, toute la mythologie du blues américain d’avant-guerre.
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Du blues, Stef en a toujours mis dans le kaléidoscope de sa discographie. Tombé dans la marmite durant l’adolescence, à l’âge où les goûts musicaux se scellent pour la vie. Romantique comme on est, on se disait que le Flamand blond était parti en Afrique, dobro sur l’épaule, à la recherche des racines de ses racines, aux origines ouest-africaines du blues. En fait, non. “Si je joue du dobro sur l’album, c’est parce qu’il me fallait une guitare avec beaucoup de volume pour jouer avec un balafon. Au début, j’avais une petite guitare et je me suis cassé les doigts. Et la guitare électrique n’allait pas non plus.”
Ce projet afro-belge est né il y a quelques années d’une paire de conjonctions. D’abord, Zita Swoon a fêté ses 15 ans, et Stef en a profité pour rebaptiser son groupe “Group”. “Après avoir fonctionné comme un groupe de rock, j’ai eu envie de nouveaux projets, de travailler autrement, avec des gens différents pour chaque projet. On est plus comme une troupe de théâtre ou de danse, tout en gardant les racines dans la musique. Ce voyage africain était déjà planifié quand on est devenus Zita Swoon Group.”
En 2010, invité par un responsable culturel qui travaille entre Belgique et Burkina, Stef part donc en Afrique de l’Ouest. “J’y suis allé la tête vide, je n’avais rien préparé, pas lu de guides. C’était un voyage de découverte, je n’avais même pas l’obligation de rentrer avec un projet concret.” Il reste ouvert, suit son intuition et rencontre au Burkina la chanteuse Awa Démé et le balafoniste Mamadou Diabaté Kibié – qui ont rejoint le Group. “Ça n’a pas été facile au départ. Ils ne connaissent que leur musique. Quand j’ai joué de l’harmonica devant eux, ils étaient impressionnés, ils n’avaient jamais entendu d’harmonica, c’était magique pour eux.”
Stef n’est pas non plus un spécialiste de musique africaine – il ne connaissait pas le balafon avant de rencontrer Mamadou. Et c’est sans doute tout ça – une certaine candeur, la capacité d’émerveillement et d’écoute réciproque, l’ouverture d’esprit – qui fait de Wait for Me un album sorti du lot commun des dialogues musicaux Nord- Sud. Stef : “C’est vraiment un projet qu’on a fait ensemble, on s’est rencontrés au milieu.”
Sur un dance-floor en terre battue : Wait for Me est un album globalement très groovy. Des bases d’écriture folky, auxquelles le banjo, les cuivres, l’harmonium, les petites percussions et le balafon donnent des ailes. Des mélodies simples, des instruments acoustiques, beaucoup de choeurs, le tout monté sur ressorts. Au final, un disque fluide et nomade, qui évoque moins la terre et les racines que le vol d’une plume dans un courant d’air ascendant, sous un soleil de plomb. “Taamala fisa”, chante Awa. “It’s good to travel”, répond Stef.
Concert : le 8 mars à Paris (104)
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