Dans la Tanzanie des années 60 et 70, les orchestres étaient en état de grâce, comme le montre cette anthologie.
Complément parfait de la série Ethiopiques, la collection Zanzibara œuvre depuis quelques mois à la connaissance des musiques enregistrées sur la côte orientale de l’Afrique, au sein de l’aire culturelle swahilie. Moins immédiatement rentre-dedans que leurs collègues éthiopiens, congolais ou ouest-africains, les orchestres tanzaniens possèdent une élégance naturelle, à l’instar du magnifique Nuta Jazz Band, formation phare du pays.
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Les musiciens semblent jouer de leurs instruments du bout des doigts, effleurant chaque note avec une grâce éthérée. Comme dans la plupart des pays d’Afrique, les orchestres qui prennent forme au cours des années 1950 et 1960 sont largement influencés par la rumba cubaine, en particulier les sections de cuivres. Pourtant, la musique tanzanienne est tout en retenue, détendue et hors du temps. Elle semble détachée des contingences du groove, recherché par tant d’autres ensembles du continent, même si transparaît parfois l’influence des danses congolaises.
Sous leurs airs graciles, certains de ces morceaux célèbrent l’ujamaa, cette forme de socialisme communautaire prônée par le président tanzanien Nyerere. Le socialisme tanzanien emprunta beaucoup au Guinéen Sékou Touré, dont les orchestres sponsorisés par l’Etat étaient connus sur tout le continent. La finesse des arrangements, la délicatesse d’interprétation des chœurs, souvent préférés aux chanteurs solistes, ont valeur testamentaire de toute une époque. Enregistrés entre 1968 et 1973, essentiellement
dans le studio de la radio d’Etat, ces dix-neuf morceaux évoquent un âge d’or nimbé d’une nonchalance apparemment éternelle.
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