Le musicien, compagnon de route de Ryuichi Sakamoto et Haruomi Hosono, et qui aura par ailleurs eu une carrière solo foisonnante et influente, avait 70 ans.
Un carré gris et puis rien d’autre. Sur Instagram, Ryuichi Sakamoto, scruté à chacune de ses prises de parole, signalait ainsi la mort à l’âge de 70 ans de son compagnon de route et de cette voix prédominante du Yellow Magic Orchestra, Yukihiro Takahashi.
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D’après plusieurs médias rapportant les propos du quotidien sportif japonais Sponichi, il aurait succombé aux complications d’une pneumonie contractée début janvier. Connu pour être batteur et chanteur au sein du Yellow Magic Orchestra, groupe pionnier de la synth-pop qu’il formait avec Ryuichi Sakamoto et Haruomi Hosono, le crooner japonais aura eu une carrière solo flamboyante et multiplié les collaborations.
Synth-pop à la chaîne
Né en 1952, Yukihiro Takahashi s’est d’abord fait connaître au mitan des années 1970 au sein du groupe Sadistic Mika Band, après avoir remplacé Hiro Tsunoda à la batterie. Une formation autant influencée par le glam-rock UK, le rock progressif et le son pop de la Motown. Ayant fait ses armes en tant que musicien de studio au début des années 1970, il rencontre en 1977 un certain Ryuichi Sakamoto, diplômé de l’Université Nationale des Beaux-Arts et de la Musique de Tokyo, et sorcier de l’électronique et des nouvelles technologies, avec qui il met en boîte son premier album solo après le split du Mika Band, Saravah! (1978). Sur la pochette, il apparaît dans un smoking à la Sacha Distel, et reprend sur ce disque la chanson française C’est si bon, popularisée par Yves Montand.
Cette même année de 1978, sortent également chez Alfa Music les albums d’Haruomi Hosono Pacific et Paraiso, mis en boîte avec Sakamoto et Takahashi, ainsi que le premier album éponyme du Yellow Magic Orchestra, dans le prolongement du travail du trio en studio. Considéré comme l’un des pionniers de la synth-pop, chacun des membres du groupe a autant intégré les avancées électroniques allemandes de Kraftwerk, que la culture lounge et exotica des années 1950, ainsi que les musiques traditionnelles de l’archipel nippon. En marge du Yellow Magic Orchestra, qui resurgira tout au long de ces quarante dernières années sous divers noms (Human Audio Sponge, ou encore HASYMO), à l’occasion de reformations, Hosono, Sakamoto et Takahashi poursuivront leur carrière solo.
L’occasion de replonger dans une œuvre
Avec sa voix de Bowie du Pacifique, il sortira une vingtaine d’albums, dont les indispensables Murdered By the Music (1981) et Neuromantic (1981), hautement influencé par les néo-romantiques britanniques, et multipliera les collaborations, jusqu’à apparaître aux côtés de son pote Sakamoto et de Massive Attack sur le titre Fatalism, extrait de l’album Heligoland (2010). Au début des années 2000, il montera un duo à tendance glitch-pop avec Haruomi Hosono, baptisé Sketch Show (rejoint dès les débuts par… Ryuichi Sakamoto), puis, plus récemment, le sextet électronique METAFIVE.
La mort de Yukihiro Takahashi sera sans doute l’occasion de replonger dans une œuvre, la sienne, mais aussi celle plus large des ses plus proches amis musiciens, qui aura su digéré les évolutions de la pop pour en livrer une interprétation unique et qui, mine de rien, aura marqué notre mémoire occidentale, souvent sans le savoir.
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