Quatre gamins réinventent le rock slacker :
couillon et bon. Critique et écoute d’un disque qui fait du bien.
Ils ne peuvent même pas se permettre d’être nostalgiques : les quatre Anglais n’étaient sans doute que des rikikids en Pampers souillées quand les héros qu’ils citent à longueur de chansons nous faisaient porter des jeans déchirés, exploser les tympans ou glander en skate. On ne mettra donc pas Yuck, premier album éponyme d’un groupe qui comporte dans ses rangs deux anciens Cajun Dance Party, sur l’incapacité d’adulescents vieillissants à accepter le crépuscule du premier quart de vie. Ni moines copieurs-colleurs, ni posture passéiste et réactionnaire chez Yuck, donc.
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Les quatre garçons pleins de passé jouent cette musique branleuse et de traviole simplement, et très sainement, parce qu’ils adorent ça – avec plus de foi que pas mal des reformations fiscales de vieilles gloires 90’s comme Pavement, Dinosaur Jr., Weezer ou même les Pixies. Car Yuck sait écrire de sacrées putains de bonnes chansons, comme on écrivait alors.
Dans le son, l’autoproduit Yuck est plus slacker yankee que dandy britannique : distordu et en accidents constants, jamais trop carré malgré les grosses rythmiques martiales. Dans l’âme, en revanche, les Londoniens n’ont pas revendu les bijoux de la reine, c’est ce qui fait leur sève : le tube leur est congénital, la mélodie leur colle aux Converse. Et si on préfère généralement quand ils font les cons en montrant leurs boules poilues à toutes les passantes (The Wall, parfaite, Holing out, pas mieux) que quand ils essaient de rouler des pelles à la guimauve, on prend avec Yuck un grand, intense et vieux pied.
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