Lorsqu’on ouvre le livret du nouvel album de Martin Stephenson, on lit d’abord un petit poème qu’il a écrit pour sa fille blondinette, trois ans et demi. Pas très rock, le poème. Deux lignes avant la fin, il y a quatre mots qui racontent assez bien la vie artistique du plus attachant chanteur anglais […]
Lorsqu’on ouvre le livret du nouvel album de Martin Stephenson, on lit d’abord un petit poème qu’il a écrit pour sa fille blondinette, trois ans et demi. Pas très rock, le poème. Deux lignes avant la fin, il y a quatre mots qui racontent assez bien la vie artistique du plus attachant chanteur anglais : « pas besoin d’himalayas ». Aux autres, les ascensions et leurs périls, Martin Stephenson leur préfère désormais le confort de la plaine, les soirées près du feu, avec femme et enfant. De paternité et d’attachement il est beaucoup question sur ces onze chansons tranquilles Think only of the child, Spirit child, Always us, Fair company. Avec sa bille de clown triste, portrait craché du jeune Orson Welles, Stephenson affectionne les positions de retrait, le décalage habile, loin des bruits du rock. Déjà sur Boat to Bolivia, le (splendide) premier album enregistré avec les jeunes Daintees, il avait un petit air étranger, une allure de passager clandestin, embarqué par accident au milieu d’une décennie qui lui ressemblait si peu. Avec ses fringues début de siècle et sa guitare toute ridée, on l’aurait cru sorti d’un thé dansant pour vieilles femmes aux cheveux teints en bleu, dans une station balnéaire sans lendemains. En 95, le petit monde de Martin Stephenson sent encore le camphre et la mélancolie : une bonne moitié de Yogi in my house est livrée à l’ancienne, sous forme acoustique, la voix de Stephenson d’une douceur tragique, d’une suavité presque inquiétante faisant le reste du boulot. Pas ambitieux pour deux sous, habité par la quiétude du renoncement, son disque ne sert à rien : il est d’autant plus précieux.
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