Le sixième album de Kanye West, Yeezus, est tombé sur l’internet quelques jours avant sa sortie officielle. Pierre Siankowski l’a écouté pour vous.
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Du laser et des beats saccadés – un peu comme du Kraftwerk boosté aux amphétamines-, le sample lumineux de ce qui semble être une chorale d’enfants (salut les jeunes) posé en plein milieu du morceau, et Kanye West qui déboule avec son flow décidé, voir semi-rageur. Un morceau tonitruant pour annoncer la couleur de ce disque porté par des productions sombres et électriques.
Blackskinhead
Mise au point par Daft Punk, boostée par Brodinski et Gesaffelstein aux manettes, voilà une prod puissante, néo-tribale et saturée – envoyée en éclaireur il y a de cela quelques jours – idéale pour accueillir le flow furibard de Kanye. Un titre à la belle dichotomie, interrompu ça et là par ce qui pourrait ressembler à des petits cris de baleines torturées pour la bonne cause (Brigitte Bardot s’en offusquera probablement elle sera traitée par le mépris). Autre titre possible : « Les Daft, les Rémois, et moi, et moi ».
I Am A God (featuring God)
« Je suis un Dieu » – hey ouais on le sait Kanye a pris l’habitude de ne pas y aller par quatre chemins, et les haters vont s’en donner à cœur joie (Kanye aura donné le bâton ceci dit). Un propos toujours aussi tendu pour un exercice d’ego-trip distordu (avec l’aide d’un certain God, amen), une instru protéiforme et caverneuse qui rappelle le groove sombre et clinique du Mezzanine de Massive Attack. Après trois titres, on est en droit de se dire qu’aucun disque de Kanye n’était pas parti sur des bases aussi rageuses.
New Slaves (featuring Frank Ocean)
Instru organique et tubulaire pour ce morceau qui commence dans une atmosphère sombre et futuriste, annonciatrice des jeux du cirque de demain. Kanye est toujours aussi à fond, et à un moment donné il dit même « c’est la vie » en français dans le texte : il n’aura pas traîné ses mocassins en France pour rien. New Slaves est conclu par un Frank Ocean toujours aussi facile et dominateur, dont la voix semble s’enfuir dans l’espace, loin, comme ça.
Hold My Liquor (featuring Chief Keef et Justin Vernon)
La voix traficotée de Justin Vernon, en direct de sa cabane du Wisconsin, puis celle du chicagoan Chief Keef pour ouvrir cette complainte qui semble avoir été enregistrée dans la Calypso de Jacques-Yves Cousteau, avec des vieux synthés à Jean-Michel Jarre. Un titre poignant qui fait souffler un vent froid dans les cœurs brisés, et rappelle les étranges épopées intérieures du Kanye période 808 Heartbreak.
I’m In It
Eh bien ça barde aussi dès les premières minutes de I’m In It, pour lequel Kanye semble soutenu par un robot de soutien (et Justin Vernon, semble-t-il). C’est encore une fois très caverneux, on entend des punchs de ragga, et c’est comme si un coin obscur de la Jamaïque était placé en état d’urgence, suite à une rencontre du troisième type pas vraiment prévue au planning. Au milieu, Kanye, toujours aussi chaud du flow malgré les extra-terrestres.
Blood on The Leaves
Des bouts de Strange Fruit et du piano pour ouvrir ce péplum qui n’aurait pas dénoté sur le dernier album du gars West. Là voix de Kanye et le beat semblent être placée sur vérins, pour un exercice 3.0 qui va laisser du sang et surtout des larmes sur les feuilles. A écouter un matin de janvier, une fois la débâcle passée.
Guilt Trip (featuring Kid Cudi)
L’ambiance se réchauffe avec l’aide de l’excellent Kid Cudi, qui vient prêter main forte à Kanye sur cet exercice riddimesque futuriste ou l’on croise un violoncelle et une ritournelle électronique incroyablement entêtante. On y entend aussi « Chabat ». Kanye West aurait-il aussi touché des DVD des Nuls lors de ses nombreux passages à Paris ? A moins qu’il ne s’agisse de « Shabba ».
Send It Up (featuring King L)
On retrouve Brodinski et Gesaffelstein sur ce titre à l’urgence gothique tenue par un autre rappeur de Chicago, King L, et Kanye bien sûr, qui s’infiltre entre les sirènes furibardes et les beats métalliques. C’est viril, c’est beau et ça donne envie de traverser la capitale du crime la nuit avec le sabre de Luke Skywalker à la main. Beau programme non ?
Bound (featuring Charlie Wison)
De la soul samplée comme sait si bien le faire Kanye, et la voix de Charlie Wilson du Gap Band. Un titre de fin bien moins sombre que ses compères, sur lequel Kanye s’en va un peu moins véner que sur le début de l’album. La musique adoucit les mœurs, on le sait.
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