On craignait la redite de son hit New Soul : Yael Naim se révèle une immense mélodiste pop, dans une (bio)diversité lumineuse.
Tout le monde connaît le syndrome du sparadrap. Celui qui reste collé, à la casquette ou à la manche du capitaine Haddock par exemple, et dont on ne parvient plus à se débarrasser. Depuis deux ans, on a tellement identifié Yael Naim au tube planétaire New Soul qu’à force, ça devenait aussi agaçant. Imaginez alors son soulagement : grâce à She Was a Boy, la chanteuse francoisraélienne va enfin pouvoir passer à autre chose.
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Et d’autant mieux que, si l’on ne trouve ni clone ni remake de New Soul sur ce nouvel album, beaucoup des treize nouvelles chansons qui le composent recèlent un potentiel équivalent. A commencer par le single Go to the River, qui vous creuse dans la tête un petit manège auquel on a bien du mal à échapper. Ou Stupid Goal, avec Tété, son ruban de mellotron “strawberry-fieldien” qui sinue sur un drive dingo à la Gnarls Barkley. Il y a aussi de splendides ballades. L’une, I Try Hard, plutôt folk. L’autre, Today, plutôt grand mélo. Un lazy blues, Never Change, rappelle la grande Karen Dalton…
New Soul était une éclosion, She Was a Boy est beaucoup plus : une floraison. Yael Naim y révèle des ressources qui la confirment comme l’une des grandes mélodistes pop de son temps. Quant à David Donatien, son compagnon, son rôle s’y montre essentiel. Ses arrangements installent à chaque étape un univers sonore distinct et nuancé, riche en trouvailles et en fantaisies.
En cela la photo au fort goût d’Avatar illustrant l’objet ne ment pas. Elle symbolise comme un respect de la biodiversité musicale s’exprimant ici à travers des rythmes qui varient sans cesse – ragtime, rumba, blues, mélopée orientale – et par l’utilisation d’une large palette sonore à laquelle certains instruments apportent une touche aussi décisive qu’atypique. Un harmonium indien et un sitar sur Man of Another Woman ; un cristal baschet sur le très “tim-burtonien” My Dreams.
Ça aurait pu être surchargé, baroque ou kitsch. Ça ne l’est pas. Sans doute parce qu’au milieu de cette chlorophylle respire le chant de Yael, libéré, épanoui. La chanteuse trouve ici matière à harmonie jusque dans ses conflits les plus intimes, comme l’exil ou la culpabilité (Come Home, Man of Another Woman). Elle y déploie son âme avec la fragilité d’une petite fille et la maîtrise d’une grande musicienne.
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