Serge Reggiani chantait l’entrée des loups dans Paris. Mais qui aujourd’hui pour s’inquiéter de la prolifération des ogres dans les caves de notre capitale ? Pas nous, certes non ! Car, après Orlando Poleo, gourmand conguero de Caracas, voici venir Minino Garay, tambourinaire affamé de la pampa argentine. En apparence, rien ne rapproche ces deux […]
Serge Reggiani chantait l’entrée des loups dans Paris. Mais qui aujourd’hui pour s’inquiéter de la prolifération des ogres dans les caves de notre capitale ? Pas nous, certes non ! Car, après Orlando Poleo, gourmand conguero de Caracas, voici venir Minino Garay, tambourinaire affamé de la pampa argentine.
En apparence, rien ne rapproche ces deux percussionnistes, sinon un même continent d’origine et le choix des bords de Seine pour lieu d’exil volontaire. Garay, comme Poleo, ou le Cubain Anga Diaz, invité ici, appartient à cette caste de souche récente qui anime à Paris les autels, d’où l’on célèbre le nouveau culte, dédiés aux musiques du Sud. Pour ces gens, la musique n’est jamais langage mais essence, ce qui les prédispose à un large balayage, puis à un savant brassage qui finit par aboutir à ce syncrétisme jubilatoire. Jamais à cours d’horizons, Minino convoque le Dobro du blues, la flûte andine et les gros tambours du Brésil, fait tanguer des péniches pleines de folklore sur les eaux lyriques d’un jazz apatride.
Cet apprenti sorcier en habit d’Arlequin chevauche les rythmes chauds à la manière d’un grand boa qui se glisserait partout à la fois, de la Terre de Feu aux Caraïbes, et jusqu’au ventre de Paris, où tout finit par se moudre. Ceux qui pensent que trop de générosité nuit à l’esthétique perdront toutes certitudes à l’écoute du très beau Tema De Maëla, et tout crédit en buvant les mots et l’accordéon de Speaking Tango. Car, le concernant, la voracité n’est jamais aux antipodes de la poésie ; pas plus que la fougue dans le sang n’interdit la subtilité d’âme.
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