A quoi pouvait bien ressembler sur scène un album aussi fou que « Lanterns », le dernier de Son Lux ? On est allé se renseigner hier soir au Festival Mo’Fo, à Saint-Ouen. On vous raconte.
Le Mo’Fo se tenait se week end à Saint-Ouen, dans la banlieue de Paris. Sur l’affiche de cette 12ème édition, on pouvait lire, entre autres, ces quelques noms : Cass McCombs, Orval Carlos Sibelius, Mein Sohn William, The New Mendicants, Rhume. Mais parmi toutes ces raisons d’aller à Mains d’Oeuvre – drôle de salle à mi-chemin entre le bunker est-allemand et la MJC de province -, il y a un nom qui aura particulièrement retenu l’attention de certains. Quiconque est tombé, fin 2013, dans les abysses du nouvel album de Son Lux aura sauté sur l’occasion de répondre à cette question : à quoi peut bien ressembler en live un album aussi fou, fouillé, aussi tordu, fait de tant de chicanes mélodiques et de circonvolutions electro, fourmillant à ce point de recoins, de gouffres et de vertiges, débordant de tellement d’idées dingues à chaque seconde ? On n’a pas été déçu de la réponse.
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Ryan Lott, le petit génie caché derrière le projet Son Lux, aura passé environ une heure sur scène. Il y a joué six ou sept morceaux, quoiqu’il soit difficile de les définir comme tels : les enchainements, les improvisations, les constructions inédites ont laissé le flou sur ce qu’on croyait connaitre de Son Lux, sur ce qu’on s’attendait plus ou moins à recevoir. Mais le calcul est vite fait : chaque morceau aura duré une dizaine de minutes, ayant été réinventé, déconstruit puis reconstitué tout spécialement pour la scène, pour l’instant de choc frontal avec le public. Trop de groupes se contentent, une fois en concert, d’être dans la reproduction systématique de leurs disques. Hier soir, Son Lux a osé l’exploration, la redécouverte de Lanterns, son troisième album. Le résultat : un moment unique, promis à l’éternité et perdu à jamais. C’est la sublime tragédie des plus beaux concerts.
On a tout vu pendant celui-ci : des cris déchirants de voix rocailleuse, des solos de guitares sursaturés, des éruptions post-rock hallucinées, des coups de nerfs techno à rendre fou, des moments de légèreté au piano, et puis aussi (et surtout) cet enchainement permanent de fulgurances et d’audaces insensées, que seul un mec vraiment solide pouvait se permettre de porter à travers ses musiciens. Derrière son clavier, et alors qu’il superpose, avec son ordi, les pistes successives de sons enregistrés, Ryan Lott semble possédé. Son corps se tord, saute, se tend comme pour tenter de ressembler aux morceaux qu’il produit. Alternate World, Ranson, Pyre, Easy ou encore Lost it to Trying : ils auront tous impressionné hier soir. A la sortie du concert, on a vu des gens peinant à s’exprimer ; hébétés, ils répétaient : putain, qu’est-ce que c’était bien !
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Bonus : ci-dessus, un bon aperçu de l’ambiance par Sourdoreille.
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