The Notwist jouait hier au Divan du Monde après une longue absence : récit et vidéo intégrale d’un concert en très grande forme.
Plein, le Divan du Monde pourrait craquer. Et de plaisir, il va. Les Allemands dont le très, très, très attendu (et tout aussi très très très excellent) Close to the Glass sort fin février sont parmi les plus vieux héros d’une large troupe de fans, notamment transie depuis Neon Golden (2002), l’attente fut longue (le précédent The Devil, You + Me date de 2008) et le concert privé, sur invitation seulement, fait fantasmer depuis des semaines déjà : conditions idéales pour l’ébullition.
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L’attente fut longue mais pas vaine : la demi-douzaine de vieux Poilus du rock indé (presqu’uniquement très barbus ou très chevelus, voire les deux) qui s’agite sur scène ne mettra pas longtemps à prendre aux tripes et aux neurones ceux venus les voir, certes un peu cois un début de concert mais noyant finalement les Allemands, mines réjouies de ceux qui ont gagné un sacré pari, de chauds hourras après les dernières notes du dernier rappel.
Chacun penché sur son instrument, parfois sur celui de son voisin, dans une impressionnante vision d’ensemble coordonné à la milliseconde, The Notwist déclenche hostilités futures et réminiscences passées dès le second morceau, Close to the Glass, l’un des plus forts de l’album à venir, hier en angles très aigus mais coins très ronds, en kraut de chair et d’os, puis avec Kong, tube évident, électrique, percussif, immédiat. Nous avec, The Notwist grimpe ensuite vers les belles constellations de son concert comme une fusée, étage après étage, armée de Prix Nobel et Géo Trouvetout du son (on apercevra des manettes de Wii, oui oui), science ici aussi dure qu’inexacte, faillible, charnelle et mécanique à la fois.
Gloomy Planets, Boneless, Neon Golden, Run Run Run, Lineri, Pilot, This Room ou, évidemment, l’inoubliable Pick up the Phone : dans un spectre d’une largeur phénoménale, le moderne et l’ancien sont agglomérés dans un Golem de chair, de sang, de beats, de dub, de watts, de faux plats et de chausse-trapes, de précisions folles, de mélodies carrées comme le rectangle ou des imprécisions fragiles des organes incontrôlés (la voix de Markus Archer, arc-boutant tremblant de cet édifice monumental), de torsions de l’espace comme du temps, de concassages rythmiques et de dissonances-chignoles, d’auto-sampling et de guitares crues, de free bidules ou de chansons aux métronomes diaboliques.
De plus en plus impressionnant, sur la surface évidente de ces morceaux imparfaitement parfaits comme derrière cette pop brisée, où se planque le raffinement fascinant des arrangements mille-feuille du groupe, les allemands reviennent ainsi plus forts sans doute qu’il ne l’ont jamais été, quelque part entre les Chemical Brothers, Mogwai, Animal Collective, la tête (un peu triste) et les jambes (qui ne demandent qu’à remuer), le spleen permanent et ses déflagrations ponctuelles. Le groupe se place sur un quelque part qui ne porte, finalement, qu’un nom : celui de The Notwist.
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