Le groupe suédois Little Dragon se produisait hier soir à Paris, dans une Maroquinerie pleine à craquer. On y était, et on vous raconte.
Il fait une chaleur de dingue dans cette Maroquinerie visiblement chauffée à blanc et dont le public attend fébrilement la prestation du groupe de Göteborg ce soir. L’air y est difficilement respirable, et au bout de trente secondes la moiteur de la salle se fait directement sentir – miam. Le groupe se met en place et commence alors une longue introduction, ce qui semble décidément être devenu LE passage obligé de toutes les entrées en scène aujourd’hui (on aurait envie de voir débouler un groupe sur scène et qui commence le truc pied au plancher, pour changer). La salle, globalement composée d’un public plutôt hétéroclite (pas mal de couples), semble sur-motivée, et ça fait franchement du bien pour un concert à Paris. De quoi augurer d’un set enflammé ?
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Intoxication progressive
Étrangement, le concert commence plutôt mollement, avec une chanteuse Yukimi Nagano peut-être pas au meilleur de sa forme. Bizarrement timide, pas totalement assurée au niveau du chant, elle a un peu de mal à faire monter la cadence, un peu à l’image du groupe qui exécute les deux premières chansons comme on va pointer : sans grande envie, machinalement. Puis quand vient Summer Tears, extraite de leur album Ritual Union paru en 2011, il se passe enfin quelque chose : le groupe se permet de sortir du pur format chanson, et se laisse aller à une indolence et à une lascivité bienvenues. Le public est hyper réceptif, le jeu sur les lumières et les basses sur gonflées participant visiblement à ce réveil progressif. Voix éthérée, rythmes chaloupés, incursions dub bienvenues, on commence vraiment à se prendre au jeu, puis on rebascule soudain dans le chant pop fédérateur. Pas mal, Pas mal. On se dit tout de même que niveau transpiration, ça va pas trop être jouable, lorsque ô miracle, on se rend compte qu’au niveau des pieds la salle a mis en place un système d’auto-ventilation. Parfait.
Underbat, à paraître sur le nouvel album Nabuma Rubberband, commence comme un hymne chillwave baléare puis se fond en une sorte de Azary & III de fin de soirée, désillusionné mais toujours méchamment dansant. Avec Ritual Union, le genre de tube que l’on reprend en chœur, on se croirait sur la West Coast en 1986 et on se rend compte qu’un sentiment de bien-être diffus s’est en fait emparé de nous depuis plusieurs minutes sans que l’on s’en soit rendu compte, les incursions de synthé venant parachever ce sentiment de doux relâchement. Tubes en pagaille, ritournelles eighties qui sentent bon le rimel et les paillettes racoleuses comme on les aime, l’ensemble de la fosse se trémousse, progressivement mais sûrement, dans un état d’esprit « viens-là qu’on se la colle » pas négligeable. C’est d’ailleurs véritablement en concert que le caractère sexuel de la musique de Little Dragon prend sa pleine mesure, d’ailleurs certains commencent à se rouler des patins allègrement. Au bout d’une heure de set, on a bien envie de se la couler douce, la chanteuse se place derrière les futs, le public en redemande.
Le rappel arrive très rapidement, le groupe joue Twice, une ancienne chanson, puis Only One, nouvel extrait du nouvel album. La bonne nouvelle de ce soir, c’est que l’on n’aura pas assisté à une sorte de warm-up show promotionnel, les chansons du Nabuma Rubberband à venir étant parcimonieusement disséminées pendant le concert. Bon point pour le groupe, car ces nouvelles chansons auront fait leur effet sur un public très réceptif. Dans ses meilleurs moments, lorsque Little Dragon s’aventure du côté club et délaisse les structures bien en place de ses chansons, il se passe quelque chose de véritablement exaltant. Le côté lascif et doux-amer d’une musique irrésistiblement dansante vient provoquer des émois qui font directement appel aux corps, et c’est exactement ce dont il s’agit sur Only One, dernière chanson exécutée de main de maître : tout le monde danse, et on ne peut que se mêler à cet enthousiasme communicatif et bon enfant. La soirée s’achève en sueur, on en redemande encore.
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