Des têtes d’affiche et des étoiles montantes de la techno, 10 000 festivaliers en forme et un camion qui fout le bazar : on vous raconte la première édition du Weather Winter.
Après deux éditions estivales en 2013 et 2014, la première édition d’hiver du Weather Festival se tenait ce week end, dans la nuit de samedi à dimanche, dans un lieu tenu secret à Paris. Secret ? On se comprend : il l’a été pendant longtemps. Au final, le rendez-vous est donné près de la Porte de la Villette, en face du Glazart, dans un hall d’exposition récent nommé Event Center. Au programme de la soirée, étalée sur deux grosses scènes : Derrick May, Laurent Garnier, Lowris, Robert Hood, Raresh, DJ Deep ou encore François X. Retour sur la plus grosse teuf de l’hiver.
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Gros plan sur : François X (interview ici)
C’est l’étoile montante de la techno française. Avec des mecs comme Antigone, il a su imposer un son qui se place actuellement au top du cool électronique. Une musique à la croisée de l’ambient et des bpm les plus durs, que ce Parisien, résident à la Concrete (la même équipe que le Weather – le hasard n’existe pas), a fait décoller pendant deux bonnes heures avec un set froid, dangereusement hypnotique, gagnant en puissance sur la longueur. Dans la lignée de ses maîtres DJ Deep et Marcel Dettmann, François X a déjà trouvé un public fervent : dans la foule, c’est la folie. On peut s’en faire une idée dans la vidéo ci-dessous.
Une idée de l’ambiance via Arte Concert
Gros plan sur : le Camion Bazar
Petite teuf au sein des grosses teufs, le Camion Bazar a pris pour habitude d’apporter un peu de gaieté et d’insouciance dans la violence des grands festivals electro. Ils sont proches des collectifs Otto 10, La Mamie’s ou encore Alter Paname et ça se voit : tous partagent une vision chaude et colorée de la fête. Benedetta et Romain, les parents du Camion Bazar, racontent l’émergence de l’idée il y a 3 ans : « On regardait trop MTV, du coup on s’est dit qu’on pourrait faire la même chose, mais à l’envers, en passant par en bas et dans une langue étrangère. »
Okay, et sinon, musicalement, le Camion est plutôt orienté house, disco et funk – un contre-emploi total à la techno sombre du Weather Winter. « Les événements avec une grosse scène techno, c’est parfois un peu chiant. On veut proposer un lieu sympa, où les gens se sentent à l’aise et peuvent rigoler. Donc lumière rose, cœur, amour. » Pas mieux, mais sans oublier la piste de rollers et le stand de barbe à papa.
Paroles de festivaliers
Charles : « L’organisation est super, y’a pas eu de baston et la musique est vraiment de qualité, c’est quand même fou pour un événement de cette ampleur. »
Justine : « C’est mon anniversaire aujourd’hui, je suis venue avec des copines. Le Weather a toujours fait des soirées sympas, même si justement ce soir ça ressemble un peu trop à ce qu’ils ont déjà pu faire dans le passé. On avait repéré Robert Hood, Derrick May et Laurent Garnier sur l’affiche. »
Clémence : « Je suis surtout venue pour des mecs comme Derrick May ou Robert Hood, mais j’ai tout apprécié jusqu’ici. »
Maud et François : « On est venus pour la qualité de la programmation, et surtout pour Laurent Garnier. En revanche ce n’était peut-être pas la peine d’en faire des caisses sur le lieu secret pour au final se retrouver dans un hangar porte de la Villette ! Même s’il est très bien, ce lieu. »
Pierre-Antoine : « Je suis venu pour l’ambiance – j’ai l’habitude des soirées et des festivals electro. J’avais très envie de voir Lowris ce soir. Le Weather, c’est devenu LE rendez-vous de la techno en France. »
Jérémy : « Je ne connais pas forcément très bien le Weather. Je suis venu pour découvrir, on m’en a beaucoup parlé, notamment à travers la Concrete. »
Agathe : « J’avais déjà participé aux deux éditions du Weather Festival. En 2013, ce n’était pas top, mais l’été dernier, c’est sans doute le meilleur événement que j’ai fait de toute ma vie. Je ne voulais pas rater cette session d’hiver. »
Gros plan sur : les têtes d’affiche
Il est quasi-impossible de danser passé un certain point, tant la foule est compacte et les esprits collants. Des gouttelettes de sueur coulent d’ailleurs du plafond sur la scène 2. L’erreur fatale consistera à lever la tête : on s’en prend une dans l’oeil. Naviguer entre les deux scènes s’avèrera probablement la tâche la plus ardue de la soirée : d’une part, la jonction entre les deux espaces crée forcément un embouteillage. Mais surtout, il est parfois difficile de faire un choix, la programmation imposant certains dilemmes. On pense surtout à ce moment où Laurent Garnier et Derrick May sont chargés de clôturer la soirée, chacun sur une scène. Notre choix se concentrera sur la scène 1, où Robert Hood, Kenny Larkin et Derrick May auront représenté Détroit. Les « parrains » auront rendu une copie appliquée et soignée, l’attente générée permettant certainement peu d’écarts de conduite. Mais le côté compassé aura certainement constitué le point fort de la soirée pour certains : personne ne sortira déçu, à défaut d’être surpris.
Le moment où Robert Hood fait retentir l’inusable Never Grow Old est à ce titre particulièrement parlant, tant il est difficile d’occulter l’aspect performatif d’un tel titre. Ce genre de morceau officiera comme totem dans une soirée où une volonté de rassemblement prendra le pas sur la notion de passation de pouvoir : logique, vu la taille de l’évènement. Même impression avec le set de DJ Deep, conclu par le Clear de Cybotron. C’est d’ailleurs l’heureux paradoxe du soir : si la place donnée à des idoles indéboulonnables est palpable et logique, l’organisation et le déroulement des festivités a l’intelligence de ne pas tirer sur la corde nostalgique. Les différents sets sont complémentaires, avec toujours le petit coup de bourre qu’il faut (à travers l’irruption de kicks ultra épais ou de hi-hats bien acides) quand la fatigue se fait sentir. D’où l’impression, pas désagréable, d’assister à un gros bloc de techno continue, parfaitement lancée sur des rails fédérateurs.
Laurent Garnier amènera cette respiration qui manquait toutefois peut-être. Ironie du sort, l’aspect très connoté 90’s de son set apportera un peu de fraîcheur à une soirée efficace mais peut-être un poil engoncée dans son autoroute techno. La fin de la nuit s’avérera comme il faut, avec Derrick May qui déroulera son programme de manière autoritaire et concernée. Pendant son set, un type se prend un méchant râteau par une fille : « L’ambiance est vraiment cool, mais il est encore tôt… – Oui, enfin c’est le dernier set, là… – Ah Bon ? Il est quelle heure ? »
A suivre : le Weather Festival 2015
Le début de la programmation de l’édition estivale est tombé ces derniers jours, et pour l’instant, des alliances explosives semblent se profiler à l’horizon. Du 4 au 7 juin prochains, Motor City Drum Ensemble et Marcellus Pittman, Unforeseen Alliance (avec Zadig, Antigone, Birth of Frequency et Voiski) ou encore Adventice (DJ Deep et Roman Poncet) risquent effectivement d’envoyer sévère.
Pour ce qui est du reste, des habitués comme Villalobos seront de la partie. On ne change pas une équipe qui gagne, même si la programmation semble cette fois s’axer d’avantage sur les live et les premières mondiales exclusives. On pense notamment au live de Ron Morelli, Low Jack et Vatican Shadow (aussi connu sous le nom de Prurient, et comme boss du label expérimental Hospital Productions), qui s’aventureront à coup sûr vers des terrains noise et crasseux.
Le lieu n’est pas encore dévoilé, mais les organisateurs annoncent un endroit « complètement inédit, en pleine nature ». Affaire à suivre…
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