Le 1er juin dernier, Liam Gallagher, ex-chanteur d’Oasis, présentait un aperçu de son nouvel album « As You Were » à Londres, devant un public d’initiés. Un concert qui marque le début d’une carrière solo, trois ans après la fin de Beady Eye.
La foule se serre à l’extérieur de l’Electric Brixton, salle iconique située dans le sud de Londres, au coeur d’un quartier gentrifié. Les portes n’ouvrent que dans une heure et pourtant, une centaine de personnes s’impatientent de découvrir Liam Gallagher en solo sur scène. Même un célèbre ancien Docteur, héros de la série anglaise Doctor Who, s’est déplacé pour l’occasion, caché sous sa casquette et des lunettes noires dans la queue des VIP.
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Effacé de l’industrie depuis la dissolution de son groupe post-Oasis, Beady Eye, le cadet de la fratrie Gallagher a annoncé son retour en fanfares, en mars dernier. Deux jours après son passage dans sa ville natale, le 30 mai dernier, lors d’un concert de charité organisé en hommage aux victimes de l’attentat de Manchester, il s’autorise à célébrer l’arrivée de son prochain album As You Were, dont il présente plusieurs singles, ce soir. La totalité des billets s’est écoulée très rapidement et à quelques heures du début du concert, plusieurs fans désespérés errent sur le trottoir et apostrophent au hasard, en quête d’un ticket à revendre ou d’une invitation libérée à la dernière minute.
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Dans la salle, l’excitation se ressent, les sourires se dessinent sur tous les visages et l’air est imprégné d’odeur de bières et sueur. Les dramatiques événements survenus à Manchester le 22 mai 2017 ne semble pas occuper les esprits, ou alors, imperceptiblement. Avant même qu’il n’apparaisse sous les lumières de la salle qui rappelle celle de La Cigale à Paris, son prénom est scandé de partout.
Retour doux-amer du fils prodigue
Trois années après la fin de Beady Eye, Liam Gallagher est acclamé comme un fils prodigue. La démarche nonchalante et l’air bougon comme toujours, le personnage n’a pas pris une ride mais détonne avec l’attitude professionnelle des musiciens qui l’entourent. Le bonhomme se revendique comme un artiste solo désormais, mais ne parvient pas à renier son passé. Il l’affirme d’ailleurs lui même en interview au micro de Radio X, le 1er juin : “Je préfèrerais être dans Oasis que de jouer en solo”.
Ce soir, il sait pertinemment ce que son public est venu écouter. Rock’n’roll Star marque une entrée fracassante, suivi du classique Morning Glory et plus tard, Slide AWay ou encore Be Here Now. Chacune de ces chansons, toutes composées par son frère Noel à l’époque d’Oasis, sont reprises en choeur avec force et chaleur. A le voir au milieu de la scène, dans sa posture caractéristique, le menton levé et les mains derrière le dos, on se croirait revenu vingt ans plus tôt. Quant à ses morceaux issus de son disque solo, ils n’engagent pas autant de ferveur mais restent écoutés attentivement. Parmi eux, Greedy Soul, pâle copie de Supersonic, la ballade un peu morne Paper Crown ou Universal Gream qui ressemble ironiquement à un remake de Tender de Blur. Le single Wall Of Glass sorti le 31 mai dernier, simple et facile, se voit par très bien reçuLe public se soumet docilement (et avec joie !) à ces chansons qu’il ne connaît pas et qui semblent l’intéresser à moitié. En échange, il attend qu’on le contente des titres cultes d’Oasis. Certains espèrent se souvenir d’une époque qu’ils ont vécu, le temps de quelques minutes. Les autres essayent de saisir ce qu’ils n’ont jamais connu à travers le comeback de Liam Gallagher, dont le charisme souffre tristement de l’absence de son frère.
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Rock’n’roll star d’un soir
Le chanteur mancunien est bien placé pour comprendre l’engouement que suscite chacune des premières notes des tubes d’Oasis et il n’en veut pas à son audience. Peu bavard, il a l’air encore secoué par la terrible attaque meurtrière au concert d’Ariana Grande à l’Arena Manchester, sans savoir que la tragédie se répètera dans la capitale anglaise, quelques jours plus tard. Le voilà qu’il clôt le show avec un choix peu anodin : Live Forever en a capella, une ode à la jeunesse et à la vie qui établit une connexion saisissante avec le public. Une connexion qui s’opère non pas avec ses propres compositions mais avec le fantôme d’Oasis, une fois encore.
“Soyez prudents et prenez soin de vous”, clame-t-il avant de quitter l’estrade. Les cœurs sont gonflés d’émotions et de nostalgie. Encore chéri du public anglais, Liam Gallagher est resté le sale gosse d’Oasis, rêvant aujourd’hui de son passé de rock star bien vivant dans les mémoires. Ce retour serait-il des signaux adressés à son frère dans l’espoir de remonter sur scène aux côtés de son frère et sous le nom d’Oasis ? Si c’est le cas, pas sûr que Noel n’y réponde un jour, n’en déplaise aux fans les plus fervents.
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