Entre créations inédites et programmation musicale ultra pointue dans une piscine ou au pied d’une montagne : nous nous sommes rendus au second weekend de la 8ème édition du festival Antigel à Genève.
On prédisait déjà que le festival Antigel était une des meilleures choses à faire cet hiver, on est quand même allé vérifier sur place, du 26 janvier au 17 février.
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Contrer l’austérité hivernale en proposant des activités inédites. Le pitch paraît simple. L’armada d’ingéniosité déployée pour arriver à ce but et proposer un festival aussi frais que novateur l’est surement moins. Antigel prend place entre différents spots genevois et communes aux alentours (34 en tout) et attirent une population aussi diverse que variée. On y croise des cool kids aux looks du futur, des enfants, des personnes âgées. Le secret réside autant dans sa palette de créations inédites que dans les lieux insolites investis (piscines, fort, entrepôts, hôpitaux…), sans oublier une programmation musicale ultra pointue. Antigel est le reflet de la palpitante scène du « terreau » suisse qui, après la Belgique, attend son heure et devrait rapidement venir tout casser dans l’hexagone.
Notre première étape sera une expédition futuriste et sensorielle dans le jardin Botanique de Genève.
Ce soir nous sommes en 2028, partis pour une balade apocalyptique où le jardin botanique s’investit de fumigènes qui se parent de toutes les teintes. Dans nos oreilles, un casque audio nous relate ce retour sur une terre abandonnée et ravagée tandis qu’un masque nous protège de ces effets néfastes. Une création visuelle, musicale, et chorégraphique questionnant le rapport des hommes à la nature, l’importance de la flore et de sa conservation pour une première mise en bouche de l’esprit Made in Antigel.
La balade se termine, alors qu’au même moment Jane Birkin accompagnée d’un orchestre symphonique prend place dans la salle du Victoria Hall. Mais il nous faut faire des choix, et c’est Idles qui remporte nos faveurs. Direction donc, la piscine du Lignon.
Leçon de rock, les pieds dans l’eau
L’énergie anglo-saxone des 70’s n’est pas morte, il aura fallu cinq mecs aux chemises repassées pour la ressusciter. Dès la deuxième chanson Mother, les pogos démarrent, pieds nus dans un beau partage de champignons tandis que certains profitent du concert dans l’eau chauffée de la piscine. Joe Talbot, le chanteur, danse, saute, crie, exulte. Les musiciens se faufilent dans le public, Mark Bowen le guitariste file même sa guitare à une fille dans le public qui se lance dans une improvisation en faisant sonner de façon hardeuse des cordes à vide.
Un live magnifique, une ambiance tout bonnement parfaite qui accorderont tout le monde sur le fait qu’Idles est un des groupes les plus intéressants du moment et un des très grands espoirs du rock. La claque du weekend.
Portées par la fougue d’un show déjà classé dans la catégorie inoubliable, certaines personnes se jettent à l’eau tout habillées. Les premiers flocons de neige du weekend font leur arrivée. Mark Bowen traîne en slip dehors. Somme de constellations improbables. Il est déjà l’heure de nous réchauffer au Grand Central en effectuant un grand écart musical et retrouver une série d’artistes sud-africains.
Un aller sans détour dans la moiteur des clubs de Durban
La veille, la salle s’était parée d’électro chaabi égyptiennes. Ce soir le complexe du Grand Central s’offre comme un dédale sonore où défile la crème des Dj’s sud africains du mouvement Qgom dans la salle principale, tandis que certains préféreront se perdre dans la « pièce secrète ». Mélange de house et de sonorités sud-africaines, les rythmes syncopés et organiques de DJ Lag et Dirty Paraffin nous offriront un aller direct dans la moiteur des clubs de Durban.
Un festival pluridisciplinaire
À peine réveillée, le programme de cette seconde journée est déjà là. La fin d’après-midi arrivera rapidement pour laisser place à la nuit au pied de l’impressionnante montagne qui louche entre la Suisse et la France pour la création « Les foudres du Salève », crée par Eric Linder. Un gang de bikeuses nous y attend.
Pour cette seconde création made in antigel, se déroule sous nos yeux un gigantesque plan séquence où défilent démonstration de ride, danses contemporaines et ballets de tractopelles accompagnés de feux d’artifices. Une B.O cosmique en guise de fond sonore assurée par un groupe en live complète l’ambiance.
L’année dernière, une performance sublimait l’abject en investissant une usine de récupération de déchets autour de montagnes de résidus. Cette fois-ci, la parole était donnée a cette carrière du Salève, souvent exploitée pour ses ressources par toute la région. Des créations Antigel qui « font sens », sous la houlette de son créateur prolifique et touche à tout Eric Linder, qui a sillonné le monde sous l’alias Polar, et ausculte souvent la région genevoise en quête de nouveaux lieux à temporairement investir.
Pour calmer nos palpitations de la veille, direction la scène de l’Alhambra en centre ville. L’ambiance intimiste et seulement illuminée à la bougie nous fait l’effet d’un baume hautement plus apaisant qu’une boite de dolipranes un lendemain de cuite. RY X présente ses nouvelles chansons, sans oublier ses succès Berlin, et Howlin en rappel. Il y a des artistes qui n’interagissent pas avec leur public hormis de polis « bonsoir », « merci » ou même les interdits « est-ce que vous êtes chauds ce soir? ». Ry X n’est pas de ceux-là. Le hobo nous gratifiera toutes les deux chansons de remerciements à base de « I love you guys », « this is very special tonight »….
C’est le temps d’en profiter pour faire un saut et découvrir l’Usine, un des seuls rescapés de l’ample circuit alternatif Genevois des années 90, avant de se rendre à la soirée organisée par Motel Campo au Grand Central. La jeunesse genevoise semble s’être donnée un rendez-vous général. Dans la cour extérieure où des performances de feu prennent place, on croisera le prometteur groupe suisse Le Roi Angus (qu’on a malheureusement pas eu l’occasion de voir sur scène).
La soirée fera carton plein. Les remix audacieux de DJ Deeon mettront toute la salle à point pour la techno de l’excellent Bambounou qui nous bercera une dernière fois avant de rejoindre les bras de Morphée, tandis que le rendez-vous du lendemain est donné à 10h pour un Yoga SoundSystem au canton de Bellevue.
Dimanche matin. Les belles promesses de la veille s’envolent rapidement à l’aube d’un réveil manqué qui ne surprendra personne. L’activité yoga se troque sans trop de remords pour une fondue aux Bains des Paquis, le rendez-vous immanquable pour toute halte à Genève, en bordure du lac Léman. Malheureusement dimanche oblige, l’une des institutions de la ville, le disquaire Bongo Joe, chaudement recommandé par les mélomanes genevois, est fermé. Tant pis, on conserve l’adresse pour l’année prochaine et la 9ème édition du festival Antigel.
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