Après avoir quitté WU LYF en grandes pompes, Ellery James Roberts chante aujourd’hui l’amour dans LUH, en duo avec Ebony Hoorn.
2011, un soir d’août comme les autres. Tandis que le peuple de Paris festoie à Rock en Seine, une radio diffuse les artistes programmés au festival, pour consoler ceux qui, faute de thunes ou de temps, sont obligés de rester chez eux. Et là, la claque.
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Un triomphe douloureux
Ce son, cette voix, cette rage lâchée, toutes viscères dehors. WU LYF ne quittera plus les tympans d’une génération ; et ce pour un bon moment. Puis brutalement, un an plus tard, le chanteur annonce son départ dans la douleur, via une lettre publique, et le groupe publie son dernier titre, Triumph.
Les années ont aujourd’hui passé, et les adolescents qui écoutaient Go Tell Fire To The Mountain en allant au collège ou au lycée sont devenus adultes, ou presque. De leur côté, les membres du groupe se sont lancés dans divers projets : Los Porcos, Ménage à Trois, et Francis Lung, en solo. Le chanteur, Ellery James Robert, ne déroge pas à la règle et se lance d’abord avec Kerou’s Lament, puis dans LUH.
Le projet, débuté en solo, s’est vite mué en duo formé avec Ebony Hoorn, sa copine rencontrée à Amsterdam. Lorsqu’on les rencontre dans une loge avant leur concert à la Boule Noire, et qu’on demande au chanteur où il était passé pendant tout ce temps, il esquisse un sourire un peu triste, et glisse d’une voix rauque :
“ C’est un peu compliqué. En fait, je pense ne pas avoir supporté le succès qu’on a eu avec WU LYF. On était jeunes, à peine la vingtaine, et on voulait juste être sincères. Ensuite, on s’est retrouvés non pas dans la cristallisation de l’émotion pure, mais dans la représentation de cette dernière. Donc j’ai quitté le groupe et suis allé à Amsterdam rejoindre Ebony, que voici.”
« Un projet pour les amoureux »
Joignant le geste à la parole, Ellery James Robert désigne et nous présente la jeune femme brune qui se trouve à ses côtés, avant d’enchainer :
“LUH, c’est un projet pour les amoureux. Ce que j’avais perdu, c’est à dire l’instinct et le réel besoin de faire de la musique, je l’ai retrouvé en voulant chanter l’amour.”
C’est ce qui importe. Si le duo balance les concepts comme d’autres les influences, citant tour à tour Carl Jung, Buckminster Feller ou Benjamin Campbell, l’essentiel se trouve dans leurs chansons. Ainsi les deux membres de LUH se sont-ils plongés des mois durant dans l’enregistrement de Spiritual Songs For Lovers To Sing, album qu’il convient d’après eux d’écouter d’une traite. Ils en ont ensuite confié la production à The Haxan Cloak, afin d’avoir “un son blockbuster”, puis ont signé chez Mute. Le résultat se cristallise en douze titres hétérogènes. Chacun d’entre eux présente une facette différente des émotions du couple, qui se noie dans le synthétisme, puis se dévoile sous une forme carrément acoustique, avant de plonger tête la première dans du rock frontal. Ebony Hoorn présente le disque ainsi :
“C’est un album-cycle. En fait, si tu l’écoutes de bout en bout, à la fin, c’est comme si tu revenais à ton point de départ, avec en plein milieu, cette rupture assez violente qu’est $ORO. »
Chanson qu’on vous laissera découvrir le 6 mai, jour de la sortie de l’album, et qui devrait à coup sûr vous étonner.
La sincérité comme maître mot
En tous les cas, en ce lundi soir pluvieux à Pigalle, alors qu’on s’apprête à entrer dans la petite salle où se produit le couple, on ressent un petit pincement au cœur. WU LYF n’est donc bien plus qu’un souvenir, et Ellery James Robert a pris quelques années, comme son public. La rage, qui peut parfois donner à la jeunesse ses plus belles couleurs, s’est sans doute perdue en route, mais autre chose semble avoir germé. La sincérité, en tout cas, est toujours là, et le duo le répète comme un mantra :
« On ne recherche pas l’universalité. Personne ne sait si en matière d’Art, il est possible d’arriver à quelque chose qui touche chacun. Notre but, si on en a un, est donc de faire quelque chose de très personnel, le plus sincèrement possible. Si en faisant ça, on touche une corde sensible chez les gens, ce serait très beau. Mais il faut être sincère, toujours. »
Entendant bien prouver ses dires, voilà Ellery James Robert qui entre dans l’arène avant Ebony Hoorn. Il l’enlace rapidement lorsqu’elle arrive avec un air timide, puis le couple se lance, un peu maladroitement. Tout n’est pas parfait, on relève quelques fausses notes, mais à vrai dire, on s’en fout.
S’il a cessé de se marteler le poitrail, le chanteur a gardé sa voix rocailleuse au possible ; il arpente désormais la scène en lâchant quelques remerciements au public, tandis qu’Ebony Hoorn apporte une balance de douceur à l’ensemble. Leurs deux musiciens (un programmeur et un batteur) ne cessent de se regarder en souriant, l’air franchement heureux d’être là, et on partage leur joie. Unites résonne comme un hymne à l’amour salvateur, et le couple quitte la scène de La Boule Noire sous une pluie d’applaudissements. Avant qu’Ellery James Robert ne revienne distribuer des test pressings aux spectateurs, puis ne s’éclipse rapidement, un discret sourire aux lèvres.
Spiritual Songs For Lovers To Sing sortira le 6 mai chez Mute. LUH sera en concert à Paris le 20 juin, à la Maroquinerie, et le 4 juin au festival This Is Not A Love Song, à Nîmes.
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