Le rappeur français Aelpéacha s’empare du g-funk californien. Compile de l’été ! Critique.
En dépit de l’influence planétaire de l’Angeleno Dr. Dre, les rappeurs français ont toujours glorifié New York. Tous, à l’exception d’une poignée de résistants biberonnés aux classiques d’Above The Law ou DJ Quik, glissant sous leur mots un funk West Coast chargé en basses. Le rappeur et producteur Aelpéacha a téléguidé les trois-quarts des disques de cette scène depuis le studio De La Plage, un grenier planqué en banlieue parisienne : “À la base, j’écoutais du reggae et de la chanson française, mais The Chronic de Dr. Dre a tout changé. Je suis tombé dedans !”
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Il réinvente ainsi la West Coast dans la langue de Mesrine, célébrant la joie de rider au soleil, les barbecues du dimanche et, plus que tout, le cul. Car son g-funk hédoniste et comique n’en demeure pas moins français, voire franchouillard : “C’est une culture importée, donc j’y intègre mon vocabulaire, mon patrimoine…” En atteste l’excellent Pavillonner, hymne des banlieues pavillonnaires de l’Est parisien, où le rhum des Antillais remplace la 40 Oz des Ricains, où les bords de la Marne figurent le Pacifique.
Dans le studio, les vinyles de Léo Ferré mêlés à ceux d’Isaac Hayes confirment la collision. Productif et méticuleux, Aelpéacha est le secret le mieux gardé du rap français, déployant un funk laid back qui amadoue jusqu’aux Californiens : sur son dernier projet, World Ride, on croise les héros du gangsta-rap, le tout enregistré avec Richard Segal, ingénieur du son de Dr. Dre ou Eminem. On se croirait à Venice Beach, mais c’est le Val-de-Marne.
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