Nourri à la littérature plutôt qu’à la consommation d’ecstas, le quatrième album de Marie Davidson est un cocktail explosif d’urgence, de techno indolente et de réflexions grinçantes.
Depuis le début des années 2010, Marie Davidson semble mener une carrière en se fichant totalement d’en faire une, alternant les projets collectifs (Essaie Pas, Les Momies de Palerme, DKMD) ou solitaires, et multipliant les sorties sur des labels branchés (Minimal Wave, DFA) ou pointus (Constellation).Working Class Woman, son quatrième disque, poursuit ainsi la même démarche, envers et contre tous les diktats d’une industrie généralement hostile à tant d’infidélités.
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Publié par Ninja Tune, ce dix titres, c’est là toute son intelligence et son intérêt, s’éloigne des mélodies complexes développées sur le précédent (Adieux au dancefloor) pour faire corps avec la culture club, avec un son tendu, viscéral et proto-industriel, visiblement hérité d’une année passée au cœur des nuits berlinoises.
Une quête perpétuelle d’introspection
Douze mois que l’on imagine profondément mouvementés à l’écoute de Your Biggest Fan, La Chambre intérieure ou encore The Tunnel, où la Montréalaise, influencée par les œuvres de la psychologue Alice Miller, du physicien Gabor Maté et du cinéaste Alejandro Jodorowsky, parle, cri, interpelle et se lance dans de brèves considérations sur la vie qui ne manquent pas de résonner avec les angoisses les plus profondes d’une époque titubant dans un idéal d’absurdités : ça traite des dérives de la folie, d’aliénation, de notre rapport à l’amour (“L’amour,ce n’est pas une récompense que l’on reçoit après avoir souffert/ L’amour, c’est un don”) et d’une quête perpétuelle d’introspection.
“J’existe vraiment”: c’est d’ailleurs avec ces mots que Marie Davidson a décidé de tirer le rideau sur ce Working Class Woman aussi entraînant que glaçant. Comme s’il s’agissait pour elle d’affirmer sa présence et ses obsessions esthétiques, sorte de contraste étonnant entre la moiteur d’un club et une techno arty, parfois proche de la cold wave dans ses interstices.
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