Les deux font l’impair. Hésitant entre goût du risque et poids des traditions, Stan Ridgway propose deux disques pour le prix de deux. On n’a jamais compris pourquoi Stan Ridgway n’était jamais devenu une star du rock américain, une alternative crédible à la blondasse Tom Petty. Avec son groupe Wall Of Voodoo ces fouinards […]
Les deux font l’impair. Hésitant entre goût du risque et poids des traditions, Stan Ridgway propose deux disques pour le prix de deux.
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On n’a jamais compris pourquoi Stan Ridgway n’était jamais devenu une star du rock américain, une alternative crédible à la blondasse Tom Petty. Avec son groupe Wall Of Voodoo ces fouinards new-wave de Los Angeles réunis au pied des ruines du punk , Ridgway avait accidentellement dessiné les lignes de quelques albums à la densité enviable, alliant à un son novateur pour l’époque une vision originale du rock. Moins de pause, plus de recherche : tel semblait être le credo des signataires de Call of the West, haut fait d’un groupe à l’intelligence teintée d’extravagance. Parti en solo, Ridgway fera encore rêver le temps d’un mini-tube, Camouflage, et d’un album à la beauté racée, Big heat. Puis l’absence, le renoncement, la tête basse. De ces gens qui se contentent d’enregistrer des albums dans l’espoir d’amasser assez d’argent pour en produire un autre derrière et ainsi de suite, jusqu’à la mort , Stan Ridgway aura mis ses prétentions en berne au milieu des années 80, versant de plus en plus vers l’école des traditionalistes à guitares, ces peintres d’Amérique très doués pour conter les petites histoires quotidiennes (errance, alcool et vieilles Cadillac), mais incapables de traverser les océans. Black diamond, son quatrième album en solitaire, s’inscrit dans cette trajectoire du repli, du retour à la terre un ancrage solide qu’une reprise de Dylan et l’utilisation des incontournables harmonica et orgue viennent encore renforcer. Sobre, simple, intimiste, sans risques : un succès assuré auprès des fidèles de l’homme. Mais quoi d’autre ? Comme pour ne pas sombrer dans le cafard d’une carrière en surplace, Stan Ridgway a donc formé Drywall, dont l’album tendu et névrosé Work the dumb oracle, enregistré en 94, ressort ces jours-ci. On y entend tout ce que Black diamond n’est pas : des risques (trop ?), des incidents, des peurs, des douleurs. On y entend surtout une effarante vacuité et le signe criant d’une andropause mal vécue et enfouie sous une instrumentation faux jeune. Faute de pouvoir goûter à l’album-amalgame rêvé (une moitié tradition, une moitié aventure), il faudra se replier sur le doublé inutile d’un type qui n’aura jamais su complètement assumer ses choix. Mince, on vient de comprendre pourquoi Stan Ridgway ne sera jamais une star.
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