En Angleterre, le rock indé se porte bien. Il suffit de se pencher sur le groupe chéri du public anglais pour le constater : Wolf Alice porte les couleurs du genre depuis 2015 avec la sortie d’un premier disque My Love Is Cool. Deux ans plus tard, les cinq Londoniens évoluent dans le même registre mais affirment un […]
Le groupe londonien vient de sortir son deuxième album « Visions of A Life » et laisse derrière lui son statut d’espoir de la musique indé pour faire place à une identité plus marquée.
En Angleterre, le rock indé se porte bien. Il suffit de se pencher sur le groupe chéri du public anglais pour le constater : Wolf Alice porte les couleurs du genre depuis 2015 avec la sortie d’un premier disque My Love Is Cool. Deux ans plus tard, les cinq Londoniens évoluent dans le même registre mais affirment un peu plus leur identité sur le second volet, Visions of A Life, paru ce vendredi 29 septembre.
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Un titre énigmatique comme si la bande, désormais sortie de l’anonymat, se drapait de mystère pour mieux nous surprendre. Ellie Roswell, chanteuse vive et sombre, explique cet intitulé étrange d’un ton monocorde :
« On voit les chansons comme des petites histoires. Le titre répond à la pochette de l’album : il y a une petite fille qui joue, imaginant un scénario dans sa tête, c’est comme si elle avait des perceptions d’une autre vie. Je me sens assez proche de ça, l’idée de me projeter dans des images d’une vie alternative. M’imaginer plus vieille, dans une réalité différente. Je faisais ça beaucoup, surtout quand j’étais petite fille. »
Our new album ‘Visions Of A Life’ is out 29 Sept. u can preorder nowhttps://t.co/tveSixMztO pic.twitter.com/AfUSRHZBqE
— Wolf Alice (@wolfalicemusic) July 5, 2017
Etonnant de constater qu’Ellie Roswell et ses comparses se plongent dans des réalités différentes quand ils pourraient se contenter de leur success story : en 2015, la bande, originaire du nord de Londres, sortait son premier long format, certifié depuis disque d’or en Grande Bretagne et s’insère même dans le top des ventes américaines. Un an après, ils sont nommés aux Grammy, aux Brit Awards et se voient encensés par le NME, référence culturelle anglo-saxone. Autre preuve de reconnaissance artistique : le titre Silk présent sur My Love Is Cool figure dans la bande-originale de T2 Trainspotting aux côtés de Blondie, de Queen est des Clash. Il aura suffi de deux EPs et d’un disque pour que Wolf Alice deviennent les nouveaux enfants chéris de l’indie rock britannique.
Bien qu’heureux de collecter ces trophées, les membres de Wolf Alice ont longuement appréhendé le retour en studio et ont préféré s’exiler aux Etats-Unis, sous le soleil californien, pour enregistrer le second album plus complexe que les singles n’y paraissent.
Crossover entre pop et alternatif
S’ils font preuve d’une grande sensibilité avec des titres comme Heavenward et Sadboy, cela n’empêche pas les londoniens de rugir de colère, notamment sur Yuk Foo. Sur ce dernier morceau, qui marque leur retour en juin 2017, on entend Ellie Roswell hurlant à plein poumons son ennui mortel.
Wolf Alice fait le grand écart entre des sonorités atmosphériques et des refrains nerveux mais ne craint pas non plus de flirter avec la pop, comme sur Beautifully Unconventional, un morceau qui a dérouté plus d’un fan. D’ailleurs, le terme ne leur fait pas peur : « Je ne comprends pas pourquoi on considère la pop comme un gros mot, encore maintenant, » confie le bassiste. Joel Amey renchérit :
« C’est très difficile d’écrire de la bonne musique pop. C’est sûrement le genre le plus compliqué à composer. Certains groupes sont moqués pour avoir écrit des chansons simplistes et faciles, mais si tu t’intéresses un peu au songwriting, c’est plus passionnant qu’on le croit. »
Pour Theo Ellis, la différenciation des styles n’a plus beaucoup d’importance de toute façon, parlant même de « crossover » entre la pop et l’alternative dans le rock indé.
Le voilà le talent du groupe, maintenir une identité musicale cohérente en s’ouvrant à d’autres possibilités. « Si tu restes coincé dans un style, c’est difficile de s’en échapper et de se sentir libres après, » répond sobrement Ellie Roswell. Les membres du groupe n’essayent pas d’intellectualiser leur musique inutilement. Après un court silence, Theo Ellis ajoute :
« On a de la chance de se sentir très libres dans la musique qu’on fait. C’est un peu le meilleur côté de notre groupe : on embrasse tous notre individualité propre, personne ne nous dit ce qu’on doit être. On profite d’une possibilité d’être créatif et très différent sur notre second album. On s’est vraiment rendu compte de ça, de la chance qu’on avait. »
Musique torturée et rockeurs militants
A l’écoute de Visions of a Life, on en vient à une même conclusion : ce disque dépeint le côté tourmenté du groupe. Dans leurs chansons, on décèle le reflet de leur propres angoisses, liées en partie avec le contexte politique et social au niveau mondial peu engageant pour la jeunesse actuelle. Éveillé politiquement, le groupe s’est engagé auprès de la cause des migrants et a apporté un soutien public à Jeremy Corbyn aux élections législatives de 2017.
Claim your future and let's unite against the tories. 8th of June! Don't forget! We r here to help if u need it @elliecrowsell @SteadyTheo
— Wolf Alice (@wolfalicemusic) May 5, 2017
(« Acclamez votre futur et unissons-nous contre les conservateurs. Le 8 juin ! N’oubliez pas ! Nous sommes là pour vous aider si vous en avez besoin »)
Avec leur musique presque exorcisante, ils répondent à un besoin urgent mais refusent de se placer comme les voix d’une génération. Ellie Roswell explique : « On pense plutôt avoir une responsabilité auprès de notre public, de représenter des valeurs auxquelles on croit profondément. »
Pour le moment, Wolf Alice se projette dans une tournée très longue à travers le monde avec Visions of a Life sous le bras, et n’aspire pas à se projeter plus loin. Ce n’est pas pour autant qu’ils voient le futur de la bande d’un œil inquiet. « Dans la vie, je n’ai pas confiance en beaucoup de choses », avoue la jeune chanteuse, « mais je me sens très fière de ce qu’on a réalisé jusqu’à aujourd’hui et j’ai envie qu’on dure encore comme ça, en tant que groupe, encore quelques années. »
Concert : le vendredi 27 octobre à Paris, La Maroquinerie.
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