Désormais classé parmi les vétérans du rock US, Wilco demeure une cellule en perpétuel mouvement.
R.E.M out, et ce bien avant l’annonce de sa séparation, il ne reste plus tellement de piliers vraiment solides sur lesquels compter outre-Atlantique. L’endurance de Wilco, groupe passionnant depuis plus de quinze saisons, relève presque de l’anomalie génétique à une époque où l’épuisement au-delà de trois albums semble la plus ordinaire des fatalités. Le virage à haut risque pris avec Yankee Hotel Foxtrot en 2002, quand le premier tiercé d’album s’était contenté de galoper dans les plaines de l’americana, aura finalement accordé à Jeff Tweedy un brevet illimité de songwriter hors piste. L’un des rares capable d’ouvrir jusqu’à son maximum la focale du rock et de la pop – en direction du krautrock ou des horizons les plus abstraits du psychédélisme – sans se laisser brûler la rétine ni céder aux sirènes du narcissisme expérimental.
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Si le groupe est revenu depuis quelque temps déjà à des formats plus raisonnables, il lui arrive toujours d’avoir des envies de vertiges et de les rassasier. On pénètre ainsi à l’intérieur de ce huitième album à travers un long crescendo de sept minutes baptisé Art of Almost, où crépitent des percussions électroniques bientôt enveloppées dans un linceul de cordes et parasitées par des guitares striées qui finissent par exploser en gerbes bruitistes. On en ressortira douze chansons plus tard par une ballade presque normale, douce et répétitive, à ceci près qu’elle dure plus de douze minutes !
Entre ces deux tunnels, les clairières et les recoins plus modestes n’en sont pas moins merveilleux, de la power-pop vibrante façon Big Star du single I Might ou de Dawned on Me aux arpèges sensuels de Black Moon, du primesautier Born Alone au swing détaché de Capitol City – autre clin d’oeil appuyé au regretté Alex Chilton.
Jamais ramenard et sans le moindre recours à des effets de production qui atténueraient son inventivité naturelle, Wilco peut se contenter de faire des chansons comme il respire. Ça suffit à nous couper le souffle.
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