De tous les disques qui sortiront cette année, le second album de Handsome Boy Modeling School sera imbattable sur deux points : sa pochette, spectaculaire de ringardise assumée, et son casting, spectaculaire tout court. Pour la réouverture de leur école, cinq ans après la glorieuse promotion So How s Your Girl’, les profs de maintien […]
De tous les disques qui sortiront cette année, le second album de Handsome Boy Modeling School sera imbattable sur deux points : sa pochette, spectaculaire de ringardise assumée, et son casting, spectaculaire tout court. Pour la réouverture de leur école, cinq ans après la glorieuse promotion So How s Your Girl’, les profs de maintien Dan The Automator et Prince Paul n’ont pas lésiné sur les cartons d’invitation et rameuté ainsi une polyphonie de voix qui possède une sacrée gueule : de Mike Patton à Julee Cruise, de Pharrell Williams à Cat Power, du proprement coiffé Alex Kapranos (Franz Ferdinand) aux deux hirsutes de Mars Volta, de RZA à Jamie Cullum. Et aussi des membres de De La Soul, des Deftones et de Linkin’ Park, le plus beau featuring restant tout de même John Oates, du duo blue-eyed soul 70/80 Hall & Oates.
Ce rassemblement d’éminences rock, jazz, hip-hop, amicale de la moustache, digne d’une soirée de lancement de Khalifa TV, aurait pu tourner au défilé de mode ou au concours d’épate paresseuse si les deux briscards producteurs n’étaient en mesure de tenir toute cette agitation à l’intérieur des contours d’un album. Un album qui tient bien le choc malgré son zapping incessant, ses coutures et ressemelages improbables, sa propension à toujours flirter avec la parodie sans jamais lui rouler des pelles trop ostentatoires.
Dans l’ensemble moins inventif, d’un point de vue sonore, que son prédécesseur ? simplement parce que depuis cinq ans les trouvailles des deux cerveaux de HBMS sont tombées dans le domaine public ?, White People se rattrape au TP de songwriting, véritable révélation de l’album sur plusieurs titres qui sonnent déjà comme de futurs classiques. A commencer (par la fin) par ce somptueux Greatest Mistake ou le vieux Oates et le jeune Cullum mélangent leurs salives sur une ballade soul à vous décoller un ventricule. Le très accrocheur Breakdown également, magnifié par la participation vocale feutrée de Jack Johnson, mériterait de faire le tour du monde sur les ondes, tandis que sur I ve Been Thinking Dan et Paul malaxent la voix de Chan Marshall (Cat Power) avec cette même dextérité que Massive Attack employa pour celle de Tracey Thorn sur Protection. L’originalité et la puissance des morceaux d’obédience pop compensent largement ici la relative sagesse du versant rap. White People est dans cette optique un titre d’album assez honnête.