Premier album conceptuel et extrême de Lindstrøm, gourou norvégien du növo-disco.
Un nom venu du froid, une gueule d’ange et un don inné pour faire groover les rêveurs… Hans-Peter Lindström est l’une des meilleures choses qui soient arrivées au disco ces trente dernières années. En une poignée d’EP célestes (dont le merveilleux I Feel Space) et quelques remix hypnotiques pour Franz Ferdinand ou LCD Soundsystem, ce natif d’Oslo a redonné au genre ses lettres de noblesse, tordant une bonne fois pour toutes le cou aux clichés qui lui collent à la peau. Sa musique volatile et racée plane à des années lumières au-dessus des pattes d’éph poutre apparente, boules à facettes en toc ou autres danseurs du dimanche dont est truffé l’horrible navet de Fabien Ontoniente.
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Trop chic pour se laisser abuser par le décorum kitsch du disco, Lindström n’en a conservé que l’esprit festif, la transe hypnotique et l’extraordinaire champ d’investigation créatif. C’est un peu halluciné, pour ne pas dire carrément perplexe, qu’on a découvert son premier album. Where You Go I Go Too ne contient que trois pistes. Si la première, éponyme, s’étire sur 28:58 minutes, les deux autres frisent le quart d’heure. “J’étais lassé de composer des morceaux courts et des pop-songs bizarres. Je voulais essayer quelque chose de complètement différent”, confie le jeune homme afin de justifier ce choix radical.
Where You Go I Go Too est un hybride fascinant, une œuvre totale et visionnaire qui prend son temps pour emplir l’espace avant de nous exploser à la face. Le prélude démarre comme dans Blade Runner, bercé de synthés liquides, d’orages en réverbe à la Vangelis, tandis que des micro-beats opèrent une lente ascension. Puis, des percussions irradiées d’éclairs et portées par un gimmick très Moroder embarquent on ne sait où, mais sûrement pas sur terre. Ce décollage cosmique durera une bonne dizaine de minutes, se diffractera dans des milliers de délires acides et remontera plus haut encore. Assez longtemps, en tout cas, pour saisir à quel point Lindström est un génie.
Orgue Hammond, claviers, guitares, basse, batteries : il les a harmonisés sur ses machines, en a travaillé les effets, chorus et échos avec une précision, une émotion et un sens de la mélodie sidérants. Tout aussi sublime, encore plus dansant, la suite s’inscrit dans cette folie pluridimensionnelle. Rarement un disque nous aura autant scotché à l’atmosphère.
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