A force d’avoir les yeux et les oreilles rivés outre-Manche ou Atlantique, on pensait sincèrement que ça n’arriverait pas. Dans le NME, on découvrait ainsi, semaine après semaine, avec un plaisir malsain, toutes les frasques de nos idoles, leur ego surdimensionné, leur gueule d’ange et l’emphase assumée de leur musique. En se lamentant qu’en France, […]
A force d’avoir les yeux et les oreilles rivés outre-Manche ou Atlantique, on pensait sincèrement que ça n’arriverait pas. Dans le NME, on découvrait ainsi, semaine après semaine, avec un plaisir malsain, toutes les frasques de nos idoles, leur ego surdimensionné, leur gueule d’ange et l’emphase assumée de leur musique. En se lamentant qu’en France, décidément, ça ne risquait pas d’arriver. Et là, patatra ! Playground débarque.
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En guise d’apéritif, les lecteurs ébahis de ce magazine ont découvert, en ouverture de la première compilation CQFD il y a deux ans, un Fate 4 Fame sexy en diable, porté par un riff princier, croisement génial entre les B52 s et les Rolling Stones. Destiné au succès, Playground ? Pourquoi pas’
Mené par un chanteur-auteur excentrique, beau à faire tourner les têtes, Firouz Farman, et un guitariste-compositeur jusqu’au-boutiste, Dino Trifunovic, Playground sent à plein nez l’imagerie rock : soit une pincée de soufre et une bonne goulée de Jack Daniels. Pour parler le langage des maisons de disques, on dira de ce groupe qu’il a du potentiel.
A l’écoute de leur premier album, What’s Your Game, on découvre ainsi un groupe français obnubilé par ses voisins anglais. London Fiction lance le sujet sur des miaulements piqués à Mick Jagger ; le groovy 1994 nous catapulte en cette année bénie où choisir entre Blur et Oasis était la seule question d’importance. Plus punk, Performer et Hippie Song convoquent la hargne des Sex Pistols sur des morceaux courts et directs.
Là où le bât blesse, c’est lorsque le groupe cesse de mouiller le maillot et se lance dans des ballades à l’emphase incongrue, comme ce pénible Rollercoaster et ses solos à rallonges. Il n’empêche que l’arrivée tonitruante de ces fortes têtes dans le paysage musical français est des plus réjouissantes, car annonciatrice d’une vague rock qui risque ? enfin ? d’irriguer nos côtes.
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