La première bonne idée de Dave Holland au moment de se lancer dans le défi improbable que constitue la réunion d’un grand orchestre, c’est le nombre : ils sont treize à composer son “big band”. Un format assez imposant pour épaissir le son d’ensemble, s’offrir les montées en puissance d’une section de cuivres, ses riffs […]
La première bonne idée de Dave Holland au moment de se lancer dans le défi improbable que constitue la réunion d’un grand orchestre, c’est le nombre : ils sont treize à composer son « big band ». Un format assez imposant pour épaissir le son d’ensemble, s’offrir les montées en puissance d’une section de cuivres, ses riffs à l’ancienne, mais aussi susceptible de préserver la souplesse d’une structure plus compacte, sa réactivité. La deuxième réussite tient dans l’écriture. Dave Holland vénère Duke Ellington, Billy Strayhorn, la minutie de leurs arrangements, mais son parcours est jalonné d’expérimentations, rythmiques, collectives.
Passeur d’idées, instrumentiste apprécié pour la sûreté de son jeu, Dave Holland fait briller ses partenaires, même lorsqu’il enfile discrètement les habits de leader. Au milieu de ses douze partenaires, il est un peu l’aiguilleur, le dynamiseur . Conçue comme une extension naturelle de son travail pour quintet ? plusieurs thèmes ont d’ailleurs été préalablement enregistrés par le sien ?, la matière abordée par son big band garde son interactivité. Animé par les membres réguliers de ce quintette, le groupe bouillonne là où nombre d’orchestres ronronnent, enflent le trait, jusqu’à l’emphase.
Classique dans sa façon d’alterner les mouvements collectifs et de détourer les prises de parole des solistes, Dave Holland trouve un ton original dans la liberté laissée aux intervenants ? les saxophonistes Antonio Hart, Chris Potter ou le tromboniste Robin Eubanks ?, souvent en duo, en trio, ou en opposition. Surtout, deux musiciens atypiques illuminent cette session de bout en bout. Billy Kilson, dont le drumming explosif dynamite le big band comme il le ferait d’un trio. Et puis Steve Nelson, vibraphoniste lunaire, judicieusement choisi en lieu et place d’un habituel pianiste, enchantement permanent dans ses accompagnements subtils, dont la transparence métallique n’a de cesse de scintiller tout au long de cet enregistrement de grande qualité.