Entre deux albums, les Californiens cintrés de Weezer continuent de faire la grosse bamboche avec des gueules d’enterrement. Cool. En écoute intégrale ici.
Après chaque grand album de couleur qui rythme sa pulsation (un “bleu” en 1994, un “vert” en 2001, un “rouge” en 2008), Weezer a pris l’habitude de revenir assez vite aux affaires avec ce qu’on pourrait résumer comme un disque “réplique”. Il y eut ainsi Pinkerton en 1996, et Maladroit en 2002, chouettes albums interstitiels venus soigner l’équilibre fragile de jeunes fans encore secoués par les élucubrations pop colorées de Rivers Cuomo (le cerveau génial et malade du groupe). Aujourd’hui, c’est au tour de Raditude d’arriver quelques mois seulement après le dernier album “rouge” et plutôt conséquent du quatuor de Los Angeles. Pas de grandes surprises, mais toujours cette écriture précise chez Cuomo, cette volonté de capturer en trois minutes et un peu plus la lumière insaisissable du monde.
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Des histoires d’amours impossibles, des soirées qui ne se terminent pas comme on veut, des lendemains qui déchantent : sur ce disque de Weezer comme sur tous les autres, on parle avec emphase de ces vies vécues à moitié mais pourtant pas sans intérêt. De la frustration, du loupé, Cuomo arrive à faire de l’or. Ça donne un hymne à la fête très rentré mais très beau en compagnie de Lil’ Wayne (Can’t Stop Partying), deux lovesongs incantatoires en mode “vazy revient” (Put Me Back Together et la bouleversante I Don’t Want to Let You Go), une ode aux après-midi grillés dans les immenses supermarchés ricains (In the Mall), et pour le reste des pop-songs ensoleillées largement supérieures à ce que peuvent faire la majorité des groupes des Côtes Est et Ouest des Etats-Unis rassemblés. Car il y a toujours chez Weezer, même sur des disques supposés mineurs, cette ferveur adolescente, ce teenage kick imperturbable : à presque 40 ans (il les aura l’an prochain), Cuomo vit, un peu comme le cinéaste Judd Apatow, toujours éloigné du monde des adultes ; on l’imagine à l’aise au milieu des skates, des bermudas, des baskets à grosses semelles, des consoles de jeu, des sweats à capuche, des fast-foods et des lunettes à grosse monture. On l’envierait presque.
Album : Raditude (Interscope/Polydor/Universal)
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