Après s’être fait connaître sur scène, les Lillois et lauréats CQFD de Curry & Coco arrivent enfin avec un premier album synthétique et furibard. De quoi gagner le Nord.
C’est une soirée humide de plus à Lille, et Curry & Coco a donné rendez- vous place de la République. C’est Sylvain le blond qui accueille – Thomas le brun nous rejoindra plus tard. Un peu gêné, on lui explique qu’il nous faut des cassettes audio pour l’interview, il nous répond qu’il lui faut un fer à repasser, ça tombe bien. On se retrouve donc dans un grand magasin d’électroménager à faire nos courses, avec les vannes qui fusent sur cette histoire de cassettes, quand surgit le troisième larron, qui finit de nous achever.
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Qu’on se le dise, Curry & Coco est un duo soudé. Sur le chemin qui nous mène du magasin au bar où le groupe a choisi de faire son interview, Sylvain Przybylski et Thomas Priem évoquent leurs origines nordistes sans trop sortir les violons. “On est des mecs des corons, on n’a pas grandi dans des endroits très favorisés, mais ça nous a donné du courage”, explique pudiquement Sylvain Przybylski. Qu’on se le dise, Curry & Coco est un duo fier. Dans le bar choisi par les deux pour recevoir à domicile, les pintes arrivent et on se met à causer musique.
“On a joué avec d’autres gens au départ, mais on s’est vite aperçu qu’il y avait un truc qui fonctionnait entre nous, quelque chose d’assez fusionnel. Nous avons une entente parfaite sur l’écriture comme sur scène, ça ne s’explique pas vraiment mais c’est assez agréable”, résume Thomas Priem avant de laisser la parole à son acolyte. “Nous sommes très complémentaires, Thomas est un fondu de vinyles, et moi je fais très bien la cuisine.”
Qu’on se le dise, Curry & Coco est un duo qui aime la déconne. Sur les références, les deux sont assez d’accord aussi : Joy Division, Devo, The Human League, Cabaret Voltaire ou encore Giorgio Moroder ont fixé le cadre synthétique de leurs élucubrations. Puis ils citent AC/DC, The Clash ou, tout récemment, Oasis (surtout les deux premiers albums des Mancuniens, qu’ils ont découverts récemment), à qui ils empruntent volontiers leur énergie.
Pour l’attitude, ce sera Eddy Mitchell, ouais, Monsieur Eddy. “Il a toujours eu ce truc classe. Je me souviens que quand je le voyais à La Dernière Séance, je le trouvais toujours irréprochable, avec sa petite cravate-lacet. En concert, on a ce truc de vouloir bien paraître, on aime se faire beaux”, explique Thomas, très sérieux. Sur scène, Curry & Coco est d’ailleurs un des phénomènes hexagonaux les plus en vue. A chaque concert, Thomas à la batterie et Sylvain à tout le reste finissent souvent atteints d’une étrange danse de Saint-Guy qui propage la joie.
Depuis plusieurs années, les deux ont d’ailleurs commencé à tourner un peu partout en Europe, profitant avantageusement de l’effet d’aspiration MySpace. “Nous envisageons autant notre musique sur scène que sur disque, et dès que nous avons eu quelques morceaux nous avons commencé à tourner”, confirme Thomas. L’Angleterre, amoureuse des hommes vaillants, ne s’y est d’ailleurs pas trompée en offrant le plus beau des accueils à ces jeunes types de l’autre rive.
We Are Beauty, leur premier album, a logiquement été produit par un Anglais, David Kosten, et mis en boîte à Londres, en quelques jours à peine. “Nous ne connaissions pas très bien la musique de Kosten, mais lui a très vite tout compris à la nôtre. Son apport sur le disque a été déterminant. Il a su canaliser notre énergie et la coucher sur disque, en s’impliquant parfois beaucoup. C’était un véritable régal, David est presque devenu un troisième membre du groupe”, se souvient Sylvain avec un large sourire.
Le résultat final est des plus jouissif. Orgiaque et futuriste, pop et furibard, l’album de Curry & Coco s’écoute d’un coup sec. Il faut vraiment avoir du purin dans les oreilles pour ne pas se le remettre derrière – et devant aussi, d’ailleurs. Du surexcité Who’s Next? à l’extatique Dancing Like a Monkey (que celui qui ne danse pas dessus comme un possédé nous jette la première bière), de l’hyperhéroïque Ultrasonic à Boys from the North, qui devrait ouvrir et conclure chaque match du LOSC, Curry & Coco donne le change avec classe et élégance.
Une base de lancement idéale pour la suite des événements – une tournée générale, en France et ailleurs, en formation commando, avec l’increvable Morggy, ami, souffredouleur et tour manager qui suit Curry & Coco partout. Et qu’on retrouve d’ailleurs à l’autre bout de Lille une fois l’interview achevée, dans un bar où passe le live de The Clash au Shea Stadium de New York. Album live que les deux rejouent assis au bar, à la note près, en mode air guitar, alors que les pintes défilent sous les yeux amusés de Morggy. “C’est cette énergie qu’on cherche”, hurle un peu Sylvain. “Tout est parfait, là”, ajoute Thomas, avant de demander au barman s’il n’a pas un vieux AC/DC qui traîne.
On quittera Curry & Coco après plusieurs albums d’AC/DC joués air guitar, des litres de bières belges et des discussions interminables sur la musique, couchées sur cassette. En espérant que quelqu’un ait pensé à récupérer le fer à repasser.
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